Aaron Swartz : la guerre de l’ »Open Access » fait sa première victime

Aaron SwartzLe récent suicide ( 11/01/13) de l’informaticien militant Aaron Swartz a bouleversé le monde du numérique et surtout les partisans du libre accès.

Ce jeune activiste de 26 ans, co-inventeur à 14 ans des flux RSS, risquait en effet 35 ans de prison et 1 million de dollars pour avoir « hacké » la base de données de revues en ligne JSTOR en téléchargeant illégalement sur un ordinateur portable des millions d’articles à partir d’un serveur du MIT.
Ce n’était pas la première action de ce jeune prodige qui s’était déjà attaqué en 2008 à la base de données PACER (Public Access to Court Electronic Records), le service de publication des décisions de justice américaines. Malgré son nom (public access), l’accès à cette base est payant, de même que JSTOR qui publie des articles de recherche.
Mais si l’hébergeur JSTOR a rapidement retiré sa plainte, et le MIT a été moins clair, c’est surtout la justice américaine, et particulièrement la procureure Carmen Ortiz, qui s’est acharnée sur son cas, accusant le jeune hacker de « voler des biens valant des millions de dollars » …
Il est évident qu’Aaron Swartz n’a pas fait cela pour de l’argent comme le fait remarquer son ami le juriste Lawrence Lessig, le créateur du « Creative Common » dans son post du 12 janvier « Prosecutor as bully »

La communauté de l’internet libre lui a rendu hommage en mettant en ligne des œuvres ‘libérées’, notamment grâce au hashtag #pdfTribute sur Twitter (voir le site http://pdftribute.net/), comme par exemple le document ‘Open Government‘ de Tim O’Reilly.
Mais aussi d’autres hackers continuent son action en ‘libérant’ d’autres bibliothèques numériques comme le site de « Gale Digital collections » téléchargé sur un faux site http://galecengage-publicdomain.com/ vantant le domaine public … !
La « guerilla open access » que menait Aaron Swartz n’était pas portée par le profit ou une ambition commerciale comme celle du hacker Kim Dotcom avec Mega (suite de Megaupload).
Il voulait, avec tout le mouvement du libre accès sur internet, rendre aux chercheurs les fruits de leurs recherches que les éditeurs et les distributeurs en ligne exploitent comme une rente sans fin.
Mais sa mort aura permis au moins de relancer le débat sur les mesures anti-piratage disproportionnées aux États-Unis.

Guerilla Open Access Manifesto. – Open Access News. [attribué à Aaron Swartz], July 2008

PdfTribute sur Twitter

Prosecutor as bullyLessig Blog V2, 12/001/13
Aaron Swartz, le suicidé de l’édition scientifique commerciale/ par Antonio Caselli. – Huffington Post, 13/01/13
Aaron Swartz, martyr de la libre circulation des connaissances ?/ par Olivier Laffargue. – BFMTV.com, 14/01/13
En marge du décès d’Aaron Swartz, le site de Gale Cengage hacké à son tour pour libérer le domaine public ! S.I.Lex, 14/01/13
Open Access et suicide d’Aaron Swartz : des larmes de trop/par Célya Gruson-Daniel. – My Science Work, 16/01/13
L’histoire d’Aaron Swartz. – Le Geektionnerd, 16/01/13
Suicide d’Aaron Swartz : vers un amendement de la loi anti-hacking aux USA ? - ZDNet, 16/01/13
Après la mort d’Aaron Swartz, des débats sur la législation. – Le Monde, 16/01/13
Avec le suicide d’Aaron Swartz, le MIT a-t-il perdu son âme ?/ par Emmanuel Tellier – Télérama, 17/01/13
Aaron Swartz, le feu RSS/Fabrice Rousselot. – Écrans – Libération, 18/01/13
Kim Dotcom: the internet cult hero spoiling for a fight with US authorities/by Toby Manhire. – The Guardian, 18/01/13
Aaron Swartz: a bittersweet memorial/ by Paul HarrisThe Guardian, 19/01/13
Économie de la publication scientifique et libre accès: un débat relancé par la mort d’Aaron Swartz. – Slate, 21/01/13
Cinq bonnes raisons de ne pas utiliser Mega. – par Olivier Tesquet. – Télérama, 21/01/13

8 Responses to “Aaron Swartz : la guerre de l’ »Open Access » fait sa première victime”

  1. Élise dit :

    Merci pour la biblio! On va plus vite à l’essentiel!

  2. Sotires dit :

    En somme, ce que lui a reproché la justice américaine, est d’avoir voulu retirer trop d’ouvrages à la fois d’une bibliothèque !

    • Dinah GALLIGO dit :

      Pas tout à fait, Sotires ! JStor, comme vient de me le confirmer Stéphanie Gasnot, responsable des ressources numériques à la Bibliothèque de Sciences Po, est une plateforme de d’archivage et de diffusion essentiellement de revues scientifiques (c’est vrai qu’à présent ils diffusent aussi des livres comme le proclame leur page d’accueil. Et, de plus un ‘embargo’ – généralement de 2 ans, empêche les lecteurs d’avoir accès aux publications les plus récentes …;-( Ce sont les éditeurs qui posent ces conditions. Les bibliothèques universitaires sont obligées de s’abonner chèrement à ces « bouquets » de revues qui publient les « papiers » des chercheurs. Pour y avoir accès, ceux-ci, comme les autres utilisateurs (étudiants, enseignants, bibliothécaires) doivent s’identifier et peuvent effectivement télécharger des articles. Ce n’est pas ce qu’a fait Aaron Swartz. Son action était évidemment illégale, mais pas pour des raisons financières, comme le stipulait l’acte d’accusation, puisqu’il n’a même pas diffusé et encore moins commercialisé ces documents !

  3. Anna dit :

    Bonjour,
    Excellent article qui nous éclaircie sur la fausse « liberté » de l’open access. Merci pour les références qui nous permettent d’en savoir plus sur le sujet.

  4. Delphine dit :

    Merci pour cet article ! Aaron a également libéré des centaines de milliers de livres numérisés par Google Books pour les transférer dans Internet Archive, ceci afin de contourner les limitations imposées par Google…

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