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Défiance du public, concurrence des réseaux sociaux et fin du modèle économique : quel avenir pour le journalisme ?

kisspng-freedom-of-the-press-journalism-news-media-freedom-5af8ca43afa019.5199593915262541477194Alors qu’en France les médias sont attaqués de toutes part, aussi bien par les partis extrêmes et le mouvement des « Gilets Jaunes » que par le Président de la République sans parler du scandale de la « Ligue du LOL », au Royaume Uni, un rapport commandé par le gouvernement, s’inquiète de l’avenir de ce secteur et préconise un certain nombre de mesures « pour un futur durable du journalisme ».

Si elle se révèle aujourd’hui de façon criante, la crise de cette profession existe depuis plusieurs années. En 2004, nous avions réalisé à la Bibliothèque de Sciences Po un dossier documentaire sur ce sujet, présentant déjà des préoccupations semblables : éthique et déontologie, émergence de nouveaux médias, fragilisation du modèle économique. « Manipulateur-manipulé, le journaliste dispose-t-il encore du pouvoir dont on le crédite ? Participe-t-il à cette fabrique de l’opinion où tous les sujets sont passés au tamis du système médiatique ? […] Comme dans d’autres secteurs, celui des médias subit une restructuration qui fragilise l’emploi et se traduit par une précarisation de la profession. L’évolution technologique touche au cœur même du métier ».

L’impact de l’internet et la fin du modèle économique des médias traditionnels

Le rapport Cairncross, du nom de la journaliste chercheure chargée de sa réalisation, souligne l’impact de l’arrivée d’internet sur le modèle économique de la presse en Grande-Bretagne : « Avec la baisse drastique des revenus publicitaires sur format papier, elle a encore du mal à compenser les pertes sur le numérique. Les revenus publicitaires étant principalement captés par les géants du web, elle a dû faire des économies. C’est-à-dire au détriment des investissements qu’elle aurait pu faire pour accompagner sa transformation digitale ou encore en rognant sur les coûts de l’information (- 6000 journalistes depuis 2007 au Royaume Uni). » (Alexandre Bouniol dans Meta-Media). Les deux types de journalisme les plus touchés sont le journalisme d’investigation (trop cher) et la presse locale. On constate une contraction des contenus locaux, donc une baisse d’implication dans la vie politique et sociétale … L ’arrivée du smartphone s’accompagne d’une baisse drastique de la distribution des quotidiens nationaux qui passent de 11, 5 millions d’exemplaires en 2008 à 5,9 millions en 2018. Le nombre de quotidiens locaux passe de 1303 à 982 entre 2007 et 2017. réseaux-sociaux-et-journalisme

L’émergence des ‘pure players’ comme Buzzfeed ou le Huffpost de même que le passage par des plateformes d’information comme Google News, Apple News et Facebook, changent complètement le comportement des lecteurs pour accéder à l’information. En passant par ces plateformes, le lecteur n’a plus accès à un ‘panorama’ de l’information comme dans un journal. L’accès se fait article par article suivant un algorithme construit à partir des données de l’utilisateur. « Les informations d’intérêt public sont celles qui émergent le moins sur les plateformes. Les algorithmes ne sélectionnent pas la pertinence d’un contenu mais récompensent les contenus qui se partagent le plus. ». Cette ‘désagrégation de l’information’ « fait que les adultes britanniques passent de moins en moins de temps à s’informer et se sentent submergés par le flot de l’information ».

En France aussi, la presse et les médias traditionnels intéressent de moins en moins le grand public. Le dernier Baromêtre de la Croix le confirme. Dans cette enquête, les Français montrent une vraie défiance envers les médias. La télévision recule de 10 points (38%), la radio de 6 points (50%) et la presse écrite de 8 points (44%%). Quant à internet, il est jugé fiable par 25% des sondés… Comme le souligne Thierry Wojciak de Cbnews, « l’étude met au jour un paradoxe « les médias auxquels les Français accordent le moins de confiance sont ceux qu’ils utilisent le plus pour s’informer. » La télévision reste en tête (46% des sondés) devant internet (29%). Mais ce qui est inquiétant c’est que moins de la moitié des jeunes 18-24 ans prêtent intérêt aux nouvelles, alors que près des trois quarts des plus de 65 ans (74%) s’y intéressent encore. L’enquête a aussi étudié la perception du traitement médiatique du mouvement des Gilets jaunes. Moins d’un tiers du panel (32%) se disent satisfaits de la couverture médiatique du mouvement, alors que 51% la jugent mauvaise. Il leur est reproche d’avoir « dramatisé les évènements » (67%), trop laissé s’exprimer un point de vue extrême (52%), ne pas avoir permis de « bien comprendre » (54%). La violence envers les journalistes est justifiée pour 23% des personnes interrogés, tandis que 32% la condamnent et 39% ne la jugent pas « vraiment justifiée ».

Par ailleurs, pour nombre de « Gilets jaunes », seuls deux médias, en dehors de leurs cercles sur les réseaux sociaux, ont grâce à leur yeux, RT, la chaîne d’information d’influence russe, et Brut, une chaine vidéo aux commentaires très ‘factuels’.

Lutte contre les infox et déontologie de l’information MédiasNePasAvalerDésinfoBON

Le rapport Cairncross dénonce aussi le manque de clarté pour distinguer les informations vérifiées des infox. Pour remédier à cela le rapport propose plusieurs solutions : rendre responsables juridiquement les plateformes, que la rapporteuse trouve elle-même assez délicat ; introduire dans l’algorithme un quota d’informations de bien public afin que tout le monde ait accès à ce genre de contenus ; mettre en place une instance de régulation qui rendrait compte de la qualité d’information diffusée sur ces plateformes.

On retrouve cette préoccupation en France, où le Président Macron voudrait introduire un contrôle des médias, comme le rapporte Claude Askolovitch dans Slate. Le Président voudrait « s’assurer de la neutralité et vérifier l’information dans les médias, en créant des structures financées par l’Etat qui contrôleraient médias publics et privés, structures nantis de journalistes qui seraient les ‘garants’ de l’affaire ». Claude Askolovitch continue en ironisant « Notre Président veut mettre le journalisme sous tutelle, telle une classe sociale assistée […] La liberté s’épanouira sous la contrainte ? Son organe de vérification s’imposera-t-il à la presse ? Les journalistes qui lui seront affrétés deviendront-ils nos supérieurs et nos gardiens, nos censeurs, les auxiliaires du pouvoir, de l’Etat ? ». Cela risque, comme pour la loi sur les Fake news, de remettre en cause de la liberté d’expression en introduisant une dose de censure et surtout se pose la question « qui va contrôler les contrôleurs ? ».  images

Plus concrètement, des syndicats de journalistes ainsi que d’autres instances de l’édition, notamment l’Observatoire de la déontologie de l’information préconisent la création d’un  Conseil de presse. Ce projet, qui réunirait aussi bien des journalistes, des éditeurs et des représentants du public, aurait comme objectif de gérer et instruire les plaintes mais aussi de proposer des orientations en matière de déontologie. Il  pourrait s’appuyer sur le rapport, « Autorégulation de l’information : comment incarner la déontologie ? », réalisé en 2014 par Marie Sirinelli et le Ministère de la Culture. Cette idée est encore controversée dans le milieu journalistique et les médias, mais est soutenu par une personnalité comme Jean-Luc Mélenchon qui déplore qu’on ne dispose que de la justice pour « faire appliquer une sanction pour dissuader de recommencer ».

Or, ce sont souvent les rédactions qui s’opposent à la mise en œuvre d’une telle instance, c’est ce que soulignent les intervenants  de l’émission « Faut-il noter les journalistes ? » (Du grain à moudreFrance Culture) alors que souvent il existe déjà une charte déontologique dans les organes de presse (Les Echos, Radio France). « C’est à chaque rédaction de prendre son destin en main […] il faut que tous les rédacteurs soient capables de se défendre des pressions des actionnaires » soutient François Ernenwein, rédacteur en chef de La Croix, « Il faut donner aux rédactions les moyens de se défendre contre certaines pressions (loi Bloche, Secret des affaires) pour Leila de Cormamond, journaliste sociale aux Echos

charte-580x445Regagner la confiance du public et construire un journalisme de qualité

La crise des Gilets jaunes a révélé en France la défiance d’une importante partie du public vis-à-vis des médias et des journalistes. Certains se sont lancé dans une autocritique de leurs pratiques comme les rédacteurs réunis dans le dossier de Libération. Dans ce dossier, les journalistes se soumettent à un « examen de confiance ». Les 25 professionnels de l’information se demandent « s’ils ne méritent pas une partie de la méfiance qu’ils inspirent et que la terrible pression qui plombe le secteur des médias et contraint la bonne pratique du métier, ne sert pas d’argument refuge à tous les reproches ». Les journalistes ont conscience de leur uniformité sociale et culturelle, et que, hormis les pigistes et les CDD, il font plutôt partie de la couche moyenne-supérieure de la société (la fameuse ‘élite’ intellectuelle, honnie par le ‘peuple’). Cet ‘entre-soi’ pourrait aussi expliquer le succès de groupes comme la Ligue du LOL, où de brillants journalistes (blancs, males et très parisiens) harcèlent leurs consœurs sur les réseaux sociaux. Les journalistes reconnaissent qu’ils ne ‘s’adressent pas à la masse des gens’. Comme l’exprime Jean-Emmanuel Decoin, rédacteur en chef de l’Humanité «La presse écrite ne raconte pas la vraie vie des gens et on le prend en pleine gueule aujourd’hui. […] Où raconte-t-on la souffrance, la vie derrière les murs des entreprises ? ». De plus, la majorité des journalistes résident dans la région parisienne (20 000 des 35 000 cartes de presse). « Hors de Paris, la presse nationale se donne de moins en moins les moyens d’enquêter. dit Sylvain Morvan, de Médiacités. La presse régionale aussi ferme des antennes locales. Des villes petites et moyennes deviennent des déserts médiatiques. L’actualité locale est moins bien traitée, les journaux perdent en qualité. Il est probable que cela joue sur la défiance ».

Expliquer comment on travaille et on débat comme le suggère Amaelle Guitton de Libération, c’est aussi l’objectif de Pierre Ganz de l’ODI. « Beaucoup de gens ne savent pas comment on fabrique l’information. Les choix éditoriaux sont libres et différents de problèmes de déontologie. ». Car s’il existe un besoin de représentation et d’explication dans le public, il existe aussi un besoin d’interpellation.  « Le désir de noter les journalistes vient de personnes qui estiment que les journalistes traitent trop peu souvent de leurs vies, de leurs combats. Il a fallu que les Gilets jaunes descendent dans la rue pour qu’on parle d’eux. Il faudrait pas laisser le soufflé tomber » souligne Pierre Ganz. Le public identifie l’ensemble des journalistes à quelques personnalités : il faut diversifier la formation des journalistes et par exemple développer le journalisme scientifique comme le préconise Olivier Dessibourg dans Meta-média. « Beaucoup de journalistes considèrent que leur rôle est de dire le bien et le mal, comment il faut penser » remarque Natacha Polony, directrice de Marianne. C’est aussi l’avis de Brice Couturier, chroniqueur à France Culture « Avant, nous avions le monopole de l’information. Désormais, l’information nous devance sur les réseaux sociaux. Nous avons réagi en idéologisant à mort, en devenant des directeurs de conscience. Mais en réalité, un journaliste a peu de compétences, il est généraliste, car on n’approfondit pas les sujets en école de journalisme ».

Une des nouvelles pistes possibles est le ‘journalisme de données’. L’analyse qualitative de données est encore peu courante dans le journalisme, comme le constate Bruno Breton dans Les Échos. A l’exception de quelques initiatives pionnières comme « les Panama Papers ou les Paradise Papers à l’occasion desquelles  l’ICIJ (consortium international des journalistes d’investigation) a agrégé des millions de données pour épingler certains paradis fiscaux, la presse reste frileuse. ». L’utilisation des données publiques, issues par exemple, des réseaux sociaux pourrait être un atout éditorial puissant dans le travail des journalistes, surtout si elles ont été traitées avec des outils adéquats. Cet argument est aussi avancé dans l’émission Soft Power de Frédéric Martel sur France Culture. « Avec la généralisation d’internet, l’accumulation exponentielle des données et la puissance inédite des réseaux sociaux, on assiste à une démultiplication des sources numériques disponibles. Les journalistes s’en emparent : ce sont de nouveaux outils de recherche ; de nouveaux terrains d’enquêtes ; de nouveaux types d’enquêtes et d’écritures. »

 « Il faut en revenir aux faits » comme le soutien Géraldine Mulhmann dans une interview sur Rue89 « Il ne s’agit pas d’invoquer un idéal d’’objectivité’ sans précaution ni doutes.[…] Il s’agit juste de dire que le ‘je’ d’un reporter entre en compte d’une manière toute à fait différente, dans son reportage, que le ‘je’ d’un éditorialiste ». Cela ne signifie par autre chose que l’impératif pour le journalisme, de « faire du journalisme et de le faire bien ». Retrouver le rapport tangible aux faits au lieu de se contenter d’un rapport souvent ‘virtuel’.  « Il est important que le public comprenne qu’il y a une différence entre un lieu de pure expression ou d’opinion et un lieu qui veut donner de l’information. […] Faire voir à quel point il y a un monde entre une rumeur même très puissante sur internet et une enquête minutieuse et soigneusement racontée ».

On retrouve ce manque d’analyse sérieuse dans les menées de la « Ligue du Lol ». Comme le souligne la linguiste Laélia Véron dans la table-ronde d’Arrêt sur images « Ces gens qui sont censés maîtriser la langue ne les ont jamais attaqués sur le fond. Il n’y a jamais eu de débat d’idées ».

Les journalistes pourraient aussi s’inspirer du succès de Rémy Busine, le créateur de Brut, très populaire auprès des Médias-1Gilets jaunes, comme le fait remarquer Nicolas Bequet du quotidien Belge l’Echo « Proximité, écoute, humilité et simplicité, voilà ce qui caractérise son attitude face aux manifestants. L’exercice du ‘live’ façon Brut est une forme de retour aux sources, une interprétation des nombreuses missions dévolues aux journalistes : regarder, s’étonner et restituer. Le tout à hauteur d’homme. Une approche à l’antithèse de la perception qu’ont les classes populaires des médias dits traditionnels ».

Nouveau terrains, nouvelles pratiques pour le journalisme. – Soft PowerFrance Culture, 03/03/19

Faut-il noter les journalistes ?Du grain à moudre- France Culture, 28/02/18

Bouniol, Alexandre. – Les principales leçons du rapport britannique sur l’avenir du journalisme. – Méta-Média, 22/02/19

Doctor, Ken. - The New York Times’Mark Thompson on how he’d run a local newspaper: « Where can we stand and fight?NiemanLab.org, 22/02/19

Ganz, Pierre. – Un débat citoyen sur les médias. – Observatoire de la Déontologie de l’Information, 20/02/19

« Il ne faut pas jeter le LOL avec l’eau du bain ». – Arrêt sur image, 15/02/19

The Caincross Review: a sustainable future for journalism/Department for Digital, Culture, Media & Sport. – Gov.UK, 12/02/19

Lamy, Corentin. – Journalistes, réseaux sociaux et harcèlement : comprendre l’affaire de la Ligue du LOL. – Le Monde, 10/02/19

Askolovitch, Claude. – Emmanuel Macron, le journalisme de cour et le contrôle des médias. – Slate, 03/02/19

Littau, Jeremy. – The Crisis Facing American Journalism did not start with the Internet. – Slate, 26/01/19

Carasco, Aude. – Baromètre médias, les journalistes sommés de se remettre en cause. – La Croix, ma 25/01/19

Ferney, Jeanne. – Actualité : entre jeunes et séniors, le grand écart. – La Croix, 24/01/19

Wojciak, Thierry. – La confiance des Français dans les médias: la TV, la radio et la presse écrite pointées. – CBNews, 23/01/19

Ce que pourrait être un Conseil de presse : les propositions de l’ODI. – Observatoire de la Déontologie de l’Information, 23/01/19

Autocritique des médias : l’examen de confiance. – Libération, 19/01/19

Lefilliâtre, Jérôme. – De la critique des médias à la passion de l’immédiat. – Libération, 04/01/19

Bellanger, Anthony. – Un projet controversé de Conseil de presse en France. – Le Monde diplomatique, décembre 2018

Cahier de tendance Automne-Hiver : bientôt l’ère des post-news ?Meta-Media, 17/12/18

Dessibourg, Olivier. – Pourquoi il faut miser sur le journalisme scientifique. – Meta-Media, 17/12/18

Géraldine Mühlmann : « Revenir aux fondements du journalisme moderne ». – Rue89, 16/11/18

Breton, Bruno. – Le data journalisme, une chance pour la presse. – Les Échos, 24/05/18

Autorégulation de l’information : comment incarner la déontologie/Marie Sirinelli ; Ministère de la culture et de la communication. – Rapports publics – La Documentation française, février 2014

Quel avenir pour le journalisme ? Crise structurelle ou évolution de la profession. – Dossier documentaire. – Sciences Po – La Bibliothèque, Juin 2004

 

Une loi contre les « fake news » : quelle efficacité ?

fake_news_facebookAnnoncée par le Président de la République lors des vœux à la presse en janvier 2018  la proposition de loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information a été adoptée à l’Assemblée nationale le 7 juillet mais rejetée par le Sénat le 26 juillet. Ce projet de loi a pour objectif de lutter contre la diffusion de fausses informations, particulièrement lors des campagnes électorales. L’expérience de diffusion massives de ‘fake news’ qui ont pu influencer les électeurs lors de la campagne présidentielle américaine en 2016 et du referendum sur le Brexit en Grande-Bretagne, (voir le post de Prospectibles), a amené les démocraties à réfléchir aux mesures à prendre pour lutter contre la désinformation et la manipulation de l’information.

La Commission européenne recommande, après la publication d’une communication sur la désinformation en ligne, un code bonnes pratiques et le soutien à un réseau indépendant de vérificateurs de faits. En Allemagne, une loi récente contraint les réseaux sociaux à une modération réactive. Au Royaume-Uni, une commission d’enquête mise en place en 2017 a pour objectif de lutter contre la diffusion de fausses nouvelles en impliquant les GAFA.

En France, comme le constatait dans son avis du 19 avril le Conseil d’Etat, le droit français contient déjà plusieurs dispositions visant à lutter contre les fausses informations : la loi de 1881 sur la liberté de la presse permet de » réprimer des propos sciemment erronés, diffamatoires, injurieux ou provocants ». La Loi de 2004 pour la confiance de l’économie numérique les a rendus applicables aux services de communication publique en ligne. Le code électoral contient aussi des dispositions visant à garantir le bon déroulement des campagnes électorales en luttant aussi bien contre la diffusion des fausses nouvelles que contre la publicité commerciale à des fins de propagande électorale.

La proposition de loi

Le gouvernement explique la nécessité d’une nouvelle loi en raison du changement d’échelle de la diffusion des fake news permis par les outils numériques et les réseaux sociaux. Comme le souligne Françoise Nyssen, Ministre de la culture et de la communication « Les fausses informations ne sont pas nécessairement plus nombreuses qu’avant, mais elles sont relayées plus rapidement et plus massivement. Elles se propagent jusqu’à six fois plus vite que les informations vérifiées. Elles font donc plus de dégâts ».

Dans la proposition de loi « Toute allégation ou imputation d’un fait inexacte ou trompeuse constitue une fausse information ». Les opérateurs de plateformes en ligne sont tenus de fournir à l’utilisateur, outre une information sur l’identité des fournisseurs de contenus, « une information loyale, claire et transparente sur l’utilisation de ses données personnelles dans le cadre de la promotion d’un contenu d’information se rattachant à un débat d’intérêt général ».

Elle crée un nouveau référé, pendant les trois mois précédant une élection, pour faire cesser la diffusion artificielle et massive de fausses informations destinées à altérer la sincérité du scrutin. Il s’agit de lutter contre les contenus sponsorisés et les systèmes robotisés, les « fermes à clics », qui véhiculent ces fausses informations et qui le feraient sciemment, en sachant que l’information est fausse.

Mais surtout, le juge des référés peut, « à la demande du ministère public, de tout candidat, de tout parti ou groupement politique ou de toute personne ayant intérêt à agir, et sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire aux personnes physiques ou morales toutes mesures proportionnées et nécessaires pour faire cesser cette diffusion. » Comme le souligne le dossier d’actualité Vie publique « Un candidat ou un parti pourrait saisir le juge des référés pour faire cesser la diffusion de ces « fausses informations » quand il s’en estime victime. Le juge statuerait dans un délai de 48 heures. » Le CSA se voit confier de nouvelles compétences et devient le garant du devoir de coopération des plateformes. Outre son pouvoir de sanction à l’encontre des services de communication audiovisuelle (radio, télévision, vidéos à la demande publics et privés) en cas de non-respect de leurs engagements, le CSA pourra aussi « refuser le conventionnement ou résilier une convention d’une chaîne liée à un État étranger ou sous son influence. » Il peut aussi » suspendre la convention d’une chaîne pendant une période électorale ou pré-électorale si elle participe à une entreprise de déstabilisation en diffusant de façon délibérée des fausses informations de nature à altérer la sincérité du scrutin. »

Enfin, le projet de loi comprend aussi des dispositions portant sur le renforcement de l’éducation aux médias et à l’information pour l’acquisition d’une citoyenneté numérique dans le cadre de l’enseignement moral et civique.

censorship-550x206Le débat

La proposition de loi a fait l’objet d’un débat houleux à l’assemblée avant son adoption, notamment en ce qui concerne la définition de fausse information qui s’est achevé par l’adoption d’un amendement remplaçant l’idée de « mauvaise foi » par celle d’intention « délibérée ». Les oppositions de droite et de gauche ont exprimé leurs réticences « Pour les élus de l’opposition, la proposition de loi serait synonyme de censure et de contrôle de l’information, voire d’une dérive autoritaire du pouvoir. Christian Jacob (député LR) craint une « police de la pensée », Marine Le Pen (FN) dénonce un texte « liberticide », Boris Vallaud (PS) une « loi de circonstances ». (Dossier Vie Publique). Pour Jean-Luc Mélenchon (LFI), le CSA, autorité administrative, n’est pas légitime pour juger si un média étranger outrepasse sa fonction …

Des juristes et des médias critiquent aussi ce texte, comme Christophe Bigot, avocat en droit de la presse, interviewé sur RT France, qui trouve ces méthodes archaïques ; ou Me Thierry Vallat, avocat au barreau de Paris qui dans un interview sur RT France, s’interroge sur la notion de fausse information, qui renvoie plutôt à ‘bon ou mauvais journaliste’ : pour lui le gouvernement cible la chaîne RT France. En ouvrant au CSA la porte d’internet, on ignore ce qui risque de se passer après. Comment pourra-t-il réguler les plateformes ? Cette loi « inapplicable et dangereuse » ouvrirait la boite de Pandore. Sur son blog du Figaro, Alain Bensoussan, avocat à la Cour d’appel de Paris et expert en droit des technologies de l’information suggère « Plutôt que légiférer dans l’urgence, il faut repenser le texte en encadrant le rôle des plateformes et des robots logiciels dans la diffusion de fausses informations. »

De la propagande à l’architecture du faux : les différents canaux du ‘fake’

La prolifération des fausses nouvelles ne date pas d’hier : Patrick Chastenet, professeur de science politique à Bordeaux, le rappelle dans son article de The Conversation ; la propagande et la manipulation de l’information ont été utilisées par le tyran Pisistrate au Vie siècle avant J.C.  Comme le remarque un partisan du Brexit, les électeurs préfèrent que l’on s’adresse à leurs tripes plutôt qu’à leur raison … Aux Etats-Unis, les messages politiques mensongers n’ont pas commencé avec Trump. Déjà, en 2008, Sarah Palin, candidate à la vice-présidence, répandit l’idée que la réforme du système de santé prévoyait des ‘death panels’ où des comités gouvernementaux décideraient du sort des personnes âgées ou handicapées ! Près de 30% des américains ont cru que ces « panels » faisaient partie de la réforme … Le site Politifact révèle que 70% des déclarations de Trump « étaient principalement fausses, fausses ou de pure invention ».  A présent, comme l’indique l’article du Washington Post, c’est Donald Trump lui-même qui s’estime victime de ‘fake news’ de la part des médias et même du moteur de recherche Google qui ne remonterait sur lui que des informations négatives si bien qu’un de ses conseiller économique propose de ‘réguler’ ces recherches !

Les Américains sont-ils donc plus crédules que les autres ? Ils sont surtout plus connectés et plus nombreux à s’informer en ligne et principalement sur les réseaux sociaux. La nouveauté réside dans le caractère viral des informations, vraies ou fausses, relayées sur les réseaux sociaux et les forums de discussion. Contrairement aux théories généreuses des pionniers du web, les internautes ne bénéficient pas de « démocratie numérique » fondée sur un accès égal pour tous à la connaissance. Alors que la masse d’information n’a jamais été aussi vaste et rapidement disponible, l’information non filtrée par des algorithmes devient plus rare en raison de nos choix antérieurs. En effet, nos recherches antérieures et nos choix sur les réseaux sociaux (likes, RT, etc.) nous enferment dans des boucles de filtres qui produisent un cercle vicieux dont nous ne sommes souvent pas conscients … 1d162bf19fb6e1f83aa71ed060459d59d872aee3-thumb-500xauto-64860

Comme le souligne Olivier Ertzscheid dans son post, les plateformes constituent « une architecture toxique au service du faux […] Et cette architecture est celle, visible, de la promiscuité des profils dans Facebook, comme elle est aussi celle, invisible, de l’orchestration algorithmique de la viralité qui unit les GAFAM. ». Cette ‘promiscuité’ sur les plateformes implique qu’il est impossible de ne pas propager de fausses informations, comme il est impossible de ne pas y être confronté ou exposé …

Cette architecture du faux, qui se double aussi d’une architecture de l’invisibilisation – les ‘Shadow Profiles’ (utilisateurs malgré eux des réseaux sociaux) et les ‘Dark posts (publicités ciblées sur Facebook à partir des données personnelles). Seule une architecture technique autorisant d’autres usages, comme un index indépendant du web, en remettant les ressources documentaires au centre à la place des personnes. La disparition de Google Reader et la fin programmée des fils RSS n’est pas un hasard et est corrélée avec des logiques de désinformation.

Les biais cognitifs et la question de la confiance

51fmZrX204L._SX195_Olivier Ertzscheid pointe aussi une autre raison : nos biais cognitifs « Nous avons une appétence, une gourmandise presque « naturelle » pour le faux, la tromperie et l’illusion. Et c’est de cette appétence dont l’architecture technique se repaît ».

C’est aussi ce que souligne Katy Steinmetz dans un article de Time. Dans une expérience menée par le chercheur en psychologie de l’Université de Stanford Sam Wineburg, un professeur d’université devant évaluer une publication scientifique de l’American College of Pediatricians, est abusé par un site web qui comporte toutes caractéristiques d’un site officiel. Le « .org » à la fin de l’url, la liste de références scientifiques, le design sobre du site, tout l’amène à la crédibilité. Or le site en question représente un groupe qui a est le produit d’une scission conservatrice de l’organisation officielle : il a été accusé de promouvoir des politiques homophobes et est classé comme discriminatoire (hate group). L’équipe de Wineburg a trouvé que des Américains de tous âges, des adolescents ‘digital natives’ aux universitaires de haut niveau, ne se posent pas les questions importantes au sujet des contenus qu’ils trouvent sur le web, ajoutant encore à la crédulité numérique. C’est aussi ce qui amène les internautes à retweeter des liens sans les ouvrir et à se reposer sur les moteurs de recherche. Pour Wineburg, la consommation d’information sur internet « C’est comme si on conduisait des voitures sans avoir de permis ». Même si des lois et des services de renseignement pouvaient débusquer tous les mauvais acteurs du bout de leurs claviers, il serait imprudent de nettoyer l’internet de toutes ses affirmations trompeuses … Dénoncer une information comme ‘fake news’ peut même la rendre plus populaire, C’est ce que Facebook a constaté lorsque le réseau social a alerté ses utilisateurs que certains posts pouvaient être des ‘hoaxes’ (canulars) avant de réaliser que cette approche ‘immunisante’ pouvait être contre-productive …

On retrouve cet aspect contre-productif du ‘débunkage’ (démystification) des ‘hoaxes’ avec le service de fact-checking de l’AFP. Aurore Gayte relate dans son article du Monde comment ce service a réussi à démystifier une vidéo très partagée sur internet censée représenter la mise en scène de migrants en train de se noyer (on voit des personnes sur la plage filmant des hommes et des femmes voilées émergeant à peine de l’eau). Les journalistes de l’AFP ont pu retrouver, grâce à une analyse détaillée de la vidéo, l’origine de ce document : il s’agit d’un documentaire tourné en Crête par une réalisatrice grecque sur un événement en Turquie en 1922, quand les Grecs ont fui l’incendie d’Izmir. Et pourtant, « même en étant une référence mondiale, et même après avoir expliqué point par point le raisonnement derrière un fact-checking, ils sont nombreux à ne toujours pas vouloir croire ce que dit l’AFP. »

Olivier Ertzscheid désigne aussi une autre raison : les ‘régimes de vérité’ de chaque plateforme : « la popularité pour Google (est « présenté comme vrai » ce qui est populaire), la vérifiabilité sur Wikipédia, et sur Facebook ce que l’on nomme « l’engagement » ou le « reach » c’est à dire une forme singulière, perverse et paroxystique de popularité. Ainsi ce qui est faux sur Google ou sur YouTube peut être vrai dans Wikipédia ». Avec ces différents régimes, il est difficile de départager le vrai du faux et aussi dangereux de se servir de l’un, par exemple Wikipedia pour en démentir un autre, par exemple YouTube … Pour le chercheur « Le dé-référencement à la hussarde est aussi efficace qu’il est à manier avec une extrême précaution tant il renforce là encore un régime d’arbitraire limité à la seule décision de la plateforme ».

L’éducation à l’information et aux médias semble être la principale solution à long terme. L’initiative de la journaliste Aude Favre avec sa chaîne YouTube « WTFake » contre la désinformation sur internet, signalée par Vincent Manilève dans Libération constitue une première réponse au niveau du grand public. Pour les étudiants, les ateliers comme celui des BU de Rennes sur l’évaluation de l’information et le problème des fake news en bibliothèque, rapporté par Damien Belveze (Doc@rennes) devrait pouvoir se multiplier. Comme l’a formulé Edward Snowden dans une interview citéé dans le Fil d’Actu « la réponse aux mauvais discours n’est pas la censure, mais plus de discours ».

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Pour l’avocat Christophe Bigot, « la loi sur les fakes news correspond à des méthodes archaïques. - RT France, 04/04/18

Parce que notre ligne éditoriale ne convient pas au pouvoir en place, serons-nous bientôt censurés ?RT France, 06/04/18

Ertzscheid, Olivier. - Fifty Shades of Fake. Le jour des fous et des mensonges. Et les 364 autres.Affordance.info, 22/04/18

Kodmani, Hala. – Russia Today, Sputnik … Un mois d’intox passé au crible. – Libération, 03/05/18

Deschamps Christophe. – Des faits alternatifs à la « Deep Fake Reality » ou comment on fabrique de la poudre aux yeux. – Outils froids, 04/05/18

Loi contre les fausses informations : l’avis du Conseil d’Etat. – Les Crises, 05/05/18

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Proposition de loi relative à la lutte contre la manipulation de l’information : texte adopté n° 151. – Assemblée Nationale, 03/07/18

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Présidentielle 2017 : quel bilan pour les civic-tech ?

1249b0949cb30954e2effc2017a51af1_originalCette élection présidentielle se présentait comme l’occasion d’expérimenter des technologies qui permettraient d’avoir une approche plus participative et plus pertinente que les campagnes précédentes. Les sondages traditionnels, qui ont montré leurs limites lors des derniers scrutins au Royaume Uni et aux Etats-Unis, seraient remplacés par l’analyses des mégadonnées et l’intelligence artificielle permettant de prédire les résultats au plus près du vécu de l’électeur. Et surtout, par l’utilisation massive de diverses plateformes de participation citoyenne et des réseaux sociaux.

Que ce soit avec  la plateforme citoyenne de la Primaire.org (qui permet aux citoyens de choisir leurs candidat(e)s et de co-construire les projets politiques), les comparateurs en ligne de programmes électoraux, les chatbots pour discuter sur les messageries instantanées ou les applications de réalité virtuelle, la campagne électorale a expérimenté un certain nombre de ces nouveaux outils ou services, les civic-tech.

Définition(s)

La newsletter Civictechno propose plusieurs définitions de ces dispositifs « à la croisée de l’innovation, d’un gouvernement ouvert et de l’engagement du citoyen » (Rapport de la Knight Foundation, 2013). On y retrouve le désir « de rapprocher les citoyens des collectivités et des Etats », de « rendre les gouvernements plus accessibles et plus efficaces » et de permettre « à des individus ou à des groupes d’influer sur la scène publique ».

Comme le rappelle Dominique Cardon dans son intervention  « Démocratie et internet » (Nouvelles citoyennetés), « Peu d’innovations technologiques ont autant été investies de promesses politiques que ne l’a été internet. ». La contre-culture qui a entouré les pionniers de l’internet a influencé cette articulation entre technologie et politique. L’infrastructure réticulaire et la décentralisation (le réseau distribué, idiot au centre, intelligent à la périphérie) remettent en cause la démocratie représentative. L’utopie libertaire des pionniers inspire les premières communautés virtuelles : l’’empowerment’ et les communautés électives devraient permettre de « changer la société sans prendre le pouvoir ».

Néanmoins, la démocratie représentative s’est aussi emparée de ces outils, notamment lors des campagnes électorales, comme par exemple lors de la campagne d’Obama en 2008 avec des réseaux de mobilisation de bénévoles et des financements de la campagne par micro-dons (badges de fierté).

La participation citoyenne civic-tech

Ségolène Royale avait initié cette idée en 2007 avec son site « Désirs d’avenir », devenue depuis desirs-davenir.eu, laboratoire d’idées, citoyen et participatif, qui fonctionne avec la page Facebook de la Ministre de l’environnement. L’objectif était de recueillir des idées, des expertises et des témoignages venant de la base pour élaborer un programme sans passer par le parti. Le résultat fut mitigé malgré la considérable production militante, comme le souligne Patrice Flichy  Internet et le débat démocratique, (2008).

On retroette participation militante dans l’élaboration de la Loi numérique, où 21 330 citoyens ont co-écrit le projet de loi, comme l’indique le document du Ministère de l’économie présenté par Axelle Lemaire.

Outre l’expérience de la Primaire.org qui a réussi à désigner une candidate à la présidentielle (Charlotte Marchandise n’a finalement obtenu que 135 parrainages sur les 500 nécessaires pour se présenter à l’élection), de nombreuses initiatives se sont multipliées pour inventer de nouvelles formes d’engagement citoyen.  D’autres mouvements ont mis en œuvre des plateformes participatives à commencer par des candidats (Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon). On les retrouve dans l’article du Monde : « Les civic-tech ou le B-A BA de la démocratie ».

MaVoix, vise les législatives et a pour objectif de « hacker l’Assemblée Nationale en faisant élire des citoyens volontaires, formés et tirés au sort qui voteront pendant 5 ans sur toutes les lois comme leurs électeurs le décideront. ». Quant à la ‘boite à outils’ citoyenne voxe.org, elle ne se contente pas de comparer simplement les programmes des candidats ; cette application permet aussi de s’informer sur la campagne, d’interpeler les candidats et aussi de se rencontrer IRL (dans la vraie vie) pour débattre d’un sujet, par exemple sur la valeur travail dans un café de Strasbourg. La Fabrique de la Loi (Medialab + CEE Sciences Po) permet d’explorer l’évolution des textes de loi au fil de la procédure.

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Les plateformes des candidats

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon la France Insoumise est celui qui se présente comme le plus équipé au niveau numérique. Il dispose de deux outils pour interagir avec ses militants : la plateforme La France insoumise (plus de 500 000 participants) et la messagerie instantanée très sécurisée Discord Les Insoumis qui permet des conférences en ligne dans différents ‘salons’ pour discuter du programme. Enfin le portail Insoumis.online rassemble tous les outils et les réseaux sociaux où interviennent JLM et les insoumis : les sites internet proches de la FI ; les chaînes YouTube de JLM et d’autres militants et médias ; les comptes twitter des diverses militants et communautés FI ; les comptes Facebook, complétés par des jeux vidéo engagés et d’autres ressources (bande dessinée, banque d’images, outils de simulation et … concours de photos de chats et de chiens sur twitter !). Et évidemment l’’hologramme’ (en fait une projection vidéo) de Mélenchon qui lui a permis de tenir jusqu’à 6 meetings simultanément … !

Le candidat Benoît Hamon propose aussi des outils de participation : le Conseil citoyen où on peut participer au programme sur 10 thèmes (éducation, travail, santé, environnement, discriminations) et la plateforme Expression « ouverte à toutes les initiatives de la société civile, elle est alimentée par des textes, des vidéos, des photos, des films d’animation et des infographies pour éclairer les expérimentations et projets qui construisent aujourd’hui le monde de demain. ».

La plateforme Marine2017 est beaucoup plus classique : à part un compte à rebours pour le jour de l’élection, elle ne propose que des soutiens pour la candidate, sur la plateforme et sur les réseaux sociaux twitter et Facebook, accompagné par un lien vers le site : actualités, programme, blog de Marine Le Pen, vidéos, photos, boutique et formulaire de procuration en ligne ! Mais la plupart des militants proches du FN se retrouvent sur des fils de forums comme la ‘Taverne des patriotes’ ou  4chan liés à l’’altright’ américain sans oublier, bien sûr les médias russes.

Sur le site d’En Marche !, seul un fil d’actualités avec un moteur de recherche présente une revue de presse sur la campagne et les dernières déclaration d’Emmanuel Macron. En fait l’équipe informatique du candidat, dirigée par Mounir Mahjoubi, ex-directeur du Conseil national du numérique, est surtout occupée de contenir les piratages de ses serveurs et de faire la chasse aux ’fake news’ comme on l’a vu à la fin de la campagne avec l’affaire du compte aux Bahamas et les MacronLeaks où une somme de documents du mouvement En Marche ! a été publiée sur le forum  4Chan puis relayée sur les réseaux sociaux …

digital surveillanceL’effet bulle

Mais il existe aussi un côté obscur de ces instruments … Le dessinateur Joann Sfar en a fait récemment la cruelle expérience. S’apprêtant à voter Mélenchon, l’auteur du « Chat du rabbin » a été choqué par les prises de position du leader de la France Insoumise en matière de relations internationales (adhésion à l’Alliance bolivarienne, approbation du soutien de la Russie à Bachar El Assad en Syrie). Il a donc posté quelques dessins critiques sur les réseaux sociaux … Mal lui en a pris, les militants FI ont commencé à le harceler sur les réseaux sociaux « J’ai vu débarquer sur Facebook, Instagram et Twitter des centaines de pseudos dont je n’avais jamais entendu parler et qui venaient me « désintoxiquer ». J. Sfar explique ensuite la méthode des Insoumis : la création de centaines  de faux comptes twitter et de l’utilisation de la plateforme Discord pour planifier les attaques de ‘désintoxication’.

Ces réactions résultent aussi des ‘bulles de filtres’ (filter bubble) qui fonctionnent sur les réseaux sociaux. Ces algorithmes vous montrent surtout les pages des personnes avec qui on a le plus d’interaction. On reste dans sa bulle et on ne connaît pas les positions des autres groupes (ex : conservateurs contre libéraux). D’où les réactions en chaîne quand un autre sonde cloche résonne dans la bulle … C’est cet aspect psychologique qui a été exploité par la firme Cambrige Analytica, une société de communication stratégique utilisant l’analyse de données et le ‘sentiment analysis’ qui a influencé aussi bien le referendum britannique que l’élection de Trump aux États-Unis comme l’explique Carole Cadwalladr dans son article du Observer.

L’analyse Big data pour remplacer les sondages ?

Les sondages ont été incapables de prédire deux scrutins très importants en 2016. Jusqu’au dernier moment, les instituts de sondage soutenaient la victoire du « Remain » au référendum britannique sur le maintien dans l’Union européenne de même que Hillary Clinton était donnée victorieuse à l’élection présidentielle américaine.

Pour remédier à cette carence des outils traditionnels, un groupe d’étudiants du master spécialisé Big data de Télécom Paris Tech ont lancé le projet « Predict the President » qui avait pour objectif de « prédire le résultat du premier tour en mixant de nombreuses données (sondages, occurrences sur twitter et Google, cartes électorales, etc.) ». Le 18 avril, Le Point publiait leur prédiction (valable au 15 avril) : un duel Fillon-Le Pen ! Dix jours plus tard, les étudiants reviennent dans le Point sur leur prédiction. Même s’ils ont pu produire une deuxième estimation plus pertinente le 21 avril, ils tiennent à tirer les leçons de cette première estimation. Leur principale erreur a été de constituer des ‘blocs’ politiques. En intégrant « des données sociodémographiques sur plusieurs années … afin d’estimer les réservoirs de voix des grandes familles politiques ». Ils ont ensuite « ajusté les scores des données issues d’internet et les intentions de vote des instituts de sondage. […] Les données du web incluaient les recherches sur Google et le sentiment exprimé dans les tweets. ». Les étudiants reconnaissent que « l’estimation des grands blocs politiques souffrent du fait que les couleurs politiques des candidats sont difficiles à classer ». Emmanuel Macron classé au centre gauche (sans prendre en compte les voix captées au PS et à LR ?) et le score de Marine Le Pen reposant presque uniquement sur l’historique de cette « dynastie » de candidats …

Le projet a aussi souffert d’un biais avec la ‘sentiment analysis’ sur Twitter. Les tweets anti-Fillon étaient très nombreux et ont, en réaction généré beaucoup de tweets positifs, ce qui a surévalué les points positifs pour le candidat … La prise en compte du contexte semble très importante dans l’analyse très délicate de l’opinion sur les réseaux sociaux. Comme le souligne Eric Scherer (France Télévision), interrogé dans Télérama ces nouvelles méthodes d’estimation d’opinion n’ont pas vocation à remplacer les sondages, mais à agir en complément. « Le big data n’a pas su répondre à ces questions lors de l’élection, mais il ne faut pas l’enterrer pour autant car il est l’avenir des sondages. »… blogimage_KnightFoundCivicTech

Désintermédiation versus médias traditionnels

En dehors de cette initiative, cette campagne électorale a connu peu d’innovations technologiques. C’est ce que confirme Xavier de La Porte (France Culture), dans le même article de Télérama,  «Les deux grandes tendances de cette campagne sur Internet étaient déjà apparentes, il s’agit de l’intensification du fact-checking (vérification méthodiques des faits et des affirmations) et l’usage massif des réseaux sociaux quasiment en direct. ». Cela confirme la tendance à la désintermédiation, les mouvements politiques produisant eux-mêmes leurs propres produits d’information comme les chaînes YouTube de la France Insoumise au détriment des médias de même que les débats télévisés se doublent de discussions en direct sur les réseaux sociaux.

Si les civic-techs n’ont pas tenus les promesses que l’on espérait, « le numérique chamboule tous les espaces confrontés de près ou de loin à la question démocratique : les villes bien sûr, mais aussi les entreprises et organisations sous toutes leurs formes » comme le souligne Dominique Cardon. De plus, cette élection présidentielle comportait un facteur souvent oublié des analyses électorale, les émotions. Comme le souligne Martial Foucault du Cevipof, dans un article du Monde « La raison ne peut suffire. L’électeur, en tant que citoyen sentimental, est traversé par un ensemble d’émotions, allant des expériences, des souvenirs positifs ou négatifs aux réactions plus immédiates face à un événement. ». Malgré des avancées indéniables, le numérique n’est pas encore en mesure de prendre pleinement en compte ce facteur. 20inscritsCivicTheque-300x251

Flichy, Patrice. - Internet et le débat démocratique. – Réseaux vol.150:n°4, 2008/04 – via Cairn-info

Flichy, Patrice ; Bougnoux, Daniel ; Cardon, Dominique. - Internet, nouvel espace démocratique ? – Table-ronde animée par Caroline Broué. – La vie des Idées – Réinventer la démocratie – Granoble, 09/05/09

Cardon, Dominique ; Williamson, Audrey. – Internet, nouvel espace démocratique ? Entretien. – La vie des idées, 07/07/09

Cardon, Dominique. – La démocratie Internet : promesses et limites. – La République des idées, 2010

The Emergence of Civic Tech: Investments in a growing field. – Knight Foundation, December 2013

Projet de loi pour une République numérique : 21330 citoyens ont co-écrit le projet de loi/Axelle
Lemaire (ed.). – Ministère de l’économie, de l’industrie et du numérique ; Secrétariat d’Etat au numérique, 2016. (pdf).

Gombert, François. – C’est quoi la Civic Tech ? – Civictechno, 16/01/16

La Fabrique de la loi : les parlementaires font-ils la loi ?

La Primaire.org

Mavoix : nous sommes celles et ceux que nous attendions

Voxe.org : vous allez adorer les élections

Volontat, Adrien de. – La civic-tech invente la démocratie 2.0.- La Croix, 26/06/16

Cardon, Dominique ; Taboy, Thierry. – Démocratie et Internet. – Forum Nouvelles démocraties – Digital Society Orange, 15/11/16

Joann Sfar :  « Les méthodes des partisans de Mélenchon sont dégueulasses ». – Le Monde, 20/04/17

Schott, François. – Les « civic tech » ou le b-a ba de la démocratie 2.0.Le Monde, 26/04/17

Jeanticou, Romain. – Présidentielle et médias : La grande baudruche de l’innovation. – Télérama, 28/04/17

« Predict the President » : retour sur une prédiction. – Le Point, 29/04/17

Tual, Morgane ; Untersinger, Martin. - Macron et l’évasion fiscale : itinéraire d’une rumeur de 4Chan aux plateaux télé. – Le Monde, 04/05/17

Foucault, Martial ; Marcus, George E. ; Valentino, Nicholas ; Vasilopoulos, Pavlos. – Election présidentielle : « Nos émotions façonnent nos réaction à l’environnement ». – Le Monde, 06/05/17

Delmas, Aurélie. – « Macronleaks » : tentative de déstabilisation de dernière minute. – Libération, 06/05/17

Cadwalladr, Carol. – The great British Brexit robbery: how our democracy was hijacked. – The Guardian, 07/05/17

Fake news, désinformation, post-vérité : quel rôle pour les professionnels de l’information ?

truth-lies-wallpaper__yvt2-550x412La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle aux Etats-Unis a fait émerger une nouvelle notion dans l’univers des actualités et de l’information : l’idée de ‘vérité alternative’. Dès son installation à la Maison Blanche, une polémique s’est développée autour du nombre de participants à la cérémonie d’investiture du Président : comme le rappelle l’article du Guardian, Kellyanne Conway conseillère à la Maison Blanche a défendu la version du porte-parole du Président Sean Spicer , « la plus importante cérémonie d’investiture en terme d’audience » en déclarant que celle-ci se basait sur des ‘faits alternatifs’ (alternative facts). Depuis, la ‘post-vérité’ triomphe aux Etats-Unis dans une atmosphère quasi-orwellienne où la « majorité des journalistes sont malhonnêtes » …

La fabrique des fake news et la contre-offensive des médias

L’utilisation des réseaux sociaux et de certains médias pour répandre ces faits alternatifs (« Le Pape François soutient D. Trump ») a été particulièrement importante lors de cette campagne électorale comme lors de la campagne pour le ‘Brexit’. On leur a surtout reproché l’usage de robots logiciels et d’intelligence artificielle (‘bots’) pour manipuler les électeurs. Mais comme le souligne le sociologue Antonio Casilli dans sa conférence sur Infobésité et fake News et algorithmes politiques (Numa, Paris) : aujourd’hui, les entreprises de désinformation sur le net sont loin d’utiliser uniquement des algorithmes et autres ‘chatbots’ pour influencer les internautes. Si Facebook a effectivement utilisé un effet de ‘bulle de filtre’ en faisant circuler un même type d’information à l’intérieur d’un cercle d’amis, (si quelqu’un est de droite, il ne va voir que des informations venant de la droite), la plupart des ‘Likes’ et retweets ont été effectués par des humains dans des ‘usines à click’ de pays émergents (Philippines, Mexique,etc.). Ce ‘digital labor’, comme le Mechanical Turk d’Amazone, est payé quelques centimes le click, un peu plus pour les femmes au foyer de l’Amérique profonde … !

A la veille de l’élection présidentielle en France, un certain nombre de médias et géants du Net se posent la question de vérification des informations. Plusieurs initiatives ont vu le jour depuis quelques semaines pour décrypter ces attaques, notamment le Décodex, outil mis au point par le Monde, mais aussi une alliance de plusieurs médias français avec Facebook et Google. Vreuz0Z4aYsXhAor0wG05Tl72eJkfbmt4t8yenImKBVvK0kTmF0xjctABnaLJIm9

Que valent ces outils et peut-on véritablement dénicher les fausses informations qui se multiplient sur la Toile ? Déjà un certain nombre de critiques sont portées à l’égard du Décodex. En cherchant à labelliser la crédibilité des médias en fonction de points de vue subjectifs (Valeurs actuelles a pignon sur rue, tandis que Fakir est une feuille militante), cet outil effectue un biais comme le souligne Vincent Glad dans son article dans Libération : « le Monde se donne le rôle de censeur et de vérificateur du web, de CSA de l’information en ligne ». C’est aussi le point de vue de SavoirCom1, cité par Blog Univesrdoc, blog de veille des chefs de projets à l’INTD-CNAM  « Le collectif SavoirComun1 (1) – un groupement de bibliothécaires engagé pour les libertés à l’ère numérique et la libre dissémination des savoirs – ne dénigre pas l’utilité de Décodex dans le contexte actuel, mais partage son inquiétude sur ce type d’application d’évaluation, qui gérée par des plate-formes privées, voire par l’Etat pourrait amener à des formes de censure. ». Le Monde par la voix de Samuel Laurent (Les Décodeurs) s’est engagé pour sa part à faire évoluer son outil, notamment en distinguant les informations factuelles des commentaires. Mais si certaines mesures ont été prises concernant les sites d’opinion (Les crises, Valeurs actuelles), apparemment cela n’a pas empêché la requalification d’un site comme Doctissimo auparavant classé en orange (site imprécis, ne citant pas ses sources), et passé en vert le 21 février … Serait-ce parce que le groupe Le Monde et Doctissimo lançaient ce jour-là le magazine Sens et Santé (voir Les Echos) comme le souligne Olivier Berruyer dans Les Crises ?

La désinformation dans l’histoire

L’IFLA, de son côté, nous rappelle que ce travail de vérification et de filtrage de l’information est le propre de professionnels de l’information avec son infographie, en collaboration avec Wikipedia, « How to spot fake news »  posté sur Facebook et twitter et explique sur son blog comment les bibliothèques peuvent aider leurs utilisateurs à trouver des faits qui ne sont pas alternatifs … L’exemple de Wikipedia avec ses millions d’utilisateurs qui vérifient les articles peut être une garantie de bonnes pratiques informationnelles tout comme les ‘peer reviews’ des revues scientifiques. Le rôle historique des bibliothécaires dans l’’information literacy’ (formation à l’information) est aussi rappelé dans l’article de Donald Barclay de Conversation « The Challenge facing libraries in the era of fake news ». La désinformation n’a pas commencé avec les réseaux sociaux. Barclay cite le cas de la campagne menée par l’industrie du tabac dans les années 1960 qui s’appuyant aussi bien sur la presse populaire que sur des pseudo-revues scientifiques, sans parler du soutien de Barry Goldwater qui assimilait la dénonciation des effets du tabac sur la santé à un complot communiste !

media_image3Antonio Casilli a aussi rappelé que la manipulation de l’information ne date pas d’hier : la propagande, largement utilisée au 20e siècle, a été créée par l’Eglise catholique au 15e siècle (De propaganda fidei : sur la propagation de la foi) ! Le reste des fausses nouvelles passaient par la littérature de colportage et les complots, souvent en lien avec des puissances surnaturelles, se retrouvaient dans les écrits apocryphes et les mystères ….

Depuis les années 1970, la complexification des sources et des supports de l’information (bases de données, microfilms, informatisation), a rendu crucial le rôle des bibliothécaires universitaires pour former l’esprit critique des étudiants. Cette formation ne se limite plus à localiser des ouvrages ou des documents sur des étagères, mais à » identifier, organiser et citer des informations ». Aujourd’hui avec le foisonnement de l’internet, il ne suffit plus aux étudiants de savoir distinguer une revue scientifique comme Nature d’un magazine grand public, ils doivent différencier les articles de périodiques véritablement scientifiques de ceux de revues ‘prédatrices’ ou pseudo-scientifiques … Sans parler des données et des résultats faussés par les chercheurs eux-mêmes !

Un défi pour les professionnels de l’information

Devant l’incertitude qui entoure la fiabilité des données et dans un environnement universitaire de plus en plus changeant, où les étudiants sont plus souvent créateurs de nouveaux savoirs que consommateurs d’information, l’ACRL (Association américaine de bibliothèques de recherche) a lancé son « Framework for Information Literacy in Higher Education », cette charte pour la formation à l’information dans l’enseignement supérieur reconnaît que l’évaluation de l’information n’est pas une chasse au trésor ou les ressources identifiées seraient ‘bonnes’ ou ‘mauvaises’. L’autorité est construite et contextuelle et fait appel aux enseignants et aux bibliothécaires pour une approche de l’autorité et de la crédibilité à partir du contexte de l’information et non pas dans l’absolu. Pour D. Barclay cette position est beaucoup plus stimulante pour les étudiants que d’accepter l’autorité d’une source sans discussion ou de réfuter toute autorité comme anachronique au nom de la post-vérité !

C’est une approche semblable qu’a pris le Collectif SavoirCom1 en considérant la question de l’information sous l’angle des ‘Communs de la connaissance’ : en prenant l’exemple de Wikipédia, il montre qu’»un espace de publication constitué comme un commun résiste mieux aux fausses informations ». Le collectif veut favoriser l’émergence d’une communauté de ‘vigilance informationnelle autour du Décodex » : elle permettrait que les outils de vérification soient eux-même vérifiables, que les règles de contribution et de régulation soient clairement énoncées, que les sites évalués puissent faire appel de leur évaluant en démontrant leur mode d’élaboration et de transmission de l’information et enfin que les acteurs de l’information (organes de presse ou prestataires de services informationnels) s’impliquent dans la formation aux médias et à l’information des citoyens. On retrouve ici l’importance de la co-construction de l’information et du contexte prôné par l’ACRL dans son Framework.

 

Framework for Information Literacy for Higher Education/Association  of College & Research Libraries. - Ala.org, 11/01/16

Swaine, Jon. – Donald Trump’s team defends ‘alternative facts’ after widespread protests. – The Guardian, 22/01/17

L’annuaire des sources du Décodex : mode d’emploi/Les Décodeurs.Le Monde, 23/01/17

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Alternative Facts and Fake News : Verifiability in the Information Society. - Library Policy and Advocacy Blog [IFLA Blog], 27/01/17

How to spot fake news ? IFLA in the post-truth society. – Ifla.org, 01/02/17

Delcambre, Alexis ; Leloup, Damien. - La traque ardue des « fake news ». – Le Monde, 02/02/17

Yeh, Alexandra.- Les citoyens n’ont jamais été aussi méfiants envers les médias.Méta-média, 03/02/17

Glad, Vincent. – Qui décodera les décodeurs ? De la difficulté de labelliser l’information de qualité. – Libération, 03/02/17

Barclay, Donald A. – The Challenge facing libraries in an era of fake news. – The Conversation, 05/02/17

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Ertzscheid, Olivier. – La vie en biais. – Affordance.info, 07/02/17

Controverses autour du Décodex, un outil contre la désinformation ?Docs pour Docs, 07/02/17

Seabright, Paul. – Les « fake news », « quelques gouttes d’eau dans une cascade de propagande ». – Le Monde, 08/02/17

Decodex : on s’engage dans une guerre contre les ‘fake news’. S. Laurent (Le Monde), F. Ruffin (Fakir), L. Merzeau (SavoirCom1) débattent. – Arrêt sur image, 10/02/17

Lacour, Sophie. - Image, ma belle image, montres-tu la vérité ? – Usbek & Rica, 10/02/17

Manach, Jean-Marc. - Il est trop tard pour s’alarmer d’une cyber-guerre électorale. - Slate, 14/02/17

« Fake news » : les profs américains ajoutent l’éducation à l’information dans leurs cours. – VousNousIls, 15/02/17

Décodex, la controverse. – Blog UniversDoc, 20/02/17

[Tellement prévisible] Décodex victime d’un conflit d’intérêts patents …Les-crises.fr, 21/02/17

 

 

 

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