Posts tagged: Edition électronique

Projet Istex : Une plateforme de ressources documentaires en ligne via des licences nationales

Porté par l’Université de Lorraine pour l’ensemble des universités, le projet ISTEX (Initiative en Information Scientifique et Technique) a été retenu dans le cadre du programme des « investissements d’avenir ».
Associant la CPU, le consortium COUPERIN, L’INIST et l’ABES, ce projet financé à hauteur de 67 millions d’euro vise à

· donner accès à un corpus de ressources documentaires acquises dans le cadre d’un programme volontariste d’achat de licences nationales,

· agréger ces ressources au sein d’une plateforme nationale accessible à tous les établissements, permettre la personnalisation en fonction des thématiques de formation et de recherche de chacun : chaque Idex (Initiative d’excellence) pourra ainsi se confectionner un portail spécifique, à partir du portail national accessible à tous,

· héberger sur le territoire des contenus scientifiques numériques dans le but d’offrir à la communauté d’enseignement supérieur et de recherche des services à forte valeur ajoutée

L’accès à la plateforme ne sera pas limitée aux établissements membres d’un projet d’Idex, mais à toutes les universités. Comme le souligne la « Lettre de la CPU » du 27 octobre 2011, ce « portail d’exploitation sophistiqué [..] constitue la vraie valeur ajoutée et rend le projet très compétitif au plan international ».

Michel Vajou, dans la « Dépêche du GFII » du 7 novembre se demande si ce programme d’investissement d’avenir va permettre l’émergence d’une « Agence nationale de l’Information scientifique et technique » qui jouerait en France le rôle du JISC (Joint Information System Comitee) au Royume Uni. Outre l’accès au réseau Janet (équivalent de Renater), cet organisme met à la disposition des établissements d’enseignement supérieur et de recherche des ressources documentaires numériques et une expertise à travers des services de spécialistes.
Dans l’analyse de la Dépêche, Michel Vajou essaie aussi de prévoir comment vont s’articuler les missions des différents acteurs fédérés dans ce projet : CPU, ABES, Couperin et INIST-CNRS.


Le projet ISTEX : mutualiser l’accès à la connaissance
CPU Infos, Lettre du 27/10/11

ISTEX : des licences nationales pour les ressources numériques par Christelle di Pietro, ENSSIBrèves, 07/11/11

ISTEX : Vers une plate-forme nationale d’accès à l’information scientifique et technique ? par Michel Vajou, La Dépêche du GFII, 07/11/11

EBooks : avenir du livre, fin de l’œuvre, système clos ou univers ouvert … (2e partie)

Une des questions de recherche qui est sortie du Forum du 28 juin des Ateliers de Réflexion prospective de L’ANR (Atelier Culture et médias de Digital 3.0 PRISE), s’intitulait précisément « la fin de l’œuvre » avec tout ce que cette expression implique. Car ce n’est pas l’œuvre en tant que telle qui est destinée à disparaître, mais la notion d’auteur, qui la sous-tend, et bien entendu, l’idée de droit d’auteur. Le droit d’auteur, qui ne compte qu’un peu plus de deux siècles de légitimité, repose essentiellement sur la notion d’ »œuvre ». Celle-ci se définit par un certain nombre d’attributs dont l’originalité et la mise en forme (voir « Informations pratiques : les œuvres protégées » dans les Fiches techniques de la Direction du Développement des Médias, Ministère de la Culture et de la Communication).
Les œuvres, ‘augmentées’ ou ‘étendues’, vont peu à peu perdre leurs spécificités et se fondre dans des « Commons », créatifs … ou pas. Quant à leur financement ou à la rémunération de leurs créateurs (ou plutôt ‘contributeurs’), le mécénat ou la publicité peuvent remplacer le droit d’auteur. Les chefs-d’œuvre de la Renaissance n’ont pas eu besoin du droit d’auteur pour exister….
On le voit actuellement avec les difficultés d’appliquer le droit d’auteur aux œuvres numérisées, notamment en matière de musique ou de vidéo.

C’est ce que pressentait déjà le philosophe Walter Benjamin, lorsqu’il écrivait en 1935, « L’œuvre d’art à l’époque de la reproduction mécanisée ». Le développement des technologies de reproduction a changé la perception du spectateur, qui a l’impression que l’œuvre lui est plus accessible (par exemple, pour le cinéma, il reçoit des images en permanence), alors qu’en même temps ces images lui révèlent son absence (disparition de l’’aura’). L’aura représentait l’unicité et l’originalité de l’œuvre d’art, la reproduction technique, en soulignant son absence, la révèle au spectateur moderne et lui permet de participer au fonctionnement des œuvres modernes : il n’est plus dans le recueillement, mais dans l’action.

Mais, en fait, la notion d’œuvre avait déjà perdu son unicité et son intégrité. Avec les différentes variations et interprétations, il était déjà difficile de déterminer les limites d’une œuvre musicale ou théâtrale. Seule l’œuvre littéraire, sous la forme du roman, est parvenue, à partir du XVIIe siècle, à une forme accomplie et finie, qui atteint son idéal au XIXe siècle. Comme un édifice, elle possède sa propre architecture, qui se suffit à elle-même, et se déroule suivant un plan qui va de la première page au mot « fin ».

C’est la thèse que développe Frédéric Kaplan dans « Comment le roman a transformé l’écriture savante », pour répondre aux « Cassandre » qui annoncent la fin du livre. C’est le cas de l’éditeur numérique Tim O’Reilly, qui vient de supprimer les DRM (mesures techniques de protection) de ses ebooks.
Interviewé dans Forbes : « Tim O’Reilly on Piracy, Tinkering and the Future of the Book », le père du Web 2.0, évoque, non pas la mort de l’imprimé, mais la transformation du marché du livre. Il prend l’exemple de la carte, qui s’est complètement transformée (elle disparaît en tant que telle avec le GPS). La carte imprimée n’existe presque plus et les cartes numériques contiennent des adresses et signalent les stations d’essences et les commerces des environs. Le livre n’est pas encore parvenu à ce stade. Les ‘liseuses’ ressemblent à des tablettes de pierre où l’on aurait rassemblé des photocopies de pages …

Mais bientôt les annotations des lecteurs vont devenir aussi importantes que le livre lui-même … ! C’est l’idée que James Brindle défend dans « Walter Benjamin’s aura : Open bookmarks and the future eBook » où l’on retrouve l’ »aura » chère à Walter Benjamin.
Les signets (bookmarks), placés par des lecteurs dans les livres sur leurs étagères électroniques (bookshelf), forment une aura d’un nouveau type … ;–) Or, les éditeurs n’ont pas l’air de comprendre la valeur des annotations et l’importance de pouvoir les partager. Même les notes en bas de page disparaissent et les références sont publiées séparément … !

Frédéric Kaplan prend le contrepied de ce point de vue en reprenant l’exemple de la carte. Dans « How books will become machines » (23/08/11), il se sert de l’exemple de “la mécanisation des cartes pour discuter de l’avenir du livre », en opposant « les technologies et les motivations de l’encyclopédisme avec celle du livre ». Les cartes sont devenues un « système géographique interactif », comme la plupart des outils intellectuels (tableurs), elles vont être transformées en machines.
Au contraire de l’Encyclopédie, qui est un système ouvert, la fonction du livre est d’organiser un discours dans un volume clos. Le livre se trouve aujourd’hui a un croisement : ou bien il fusionne avec le courant intellectuel et technologique dominant, au risque de perdre sa fonction structurante, ou bien il continue son chemin dans un nouveau « corps » capable de survivre dans un monde dominé par le modèle encyclopédique …

Face à « La tentation de l’encyclopédisme », « aux vertus libératrice de la pensée ouverte, réticulée, décentralisée (mais totalisante) que permettraient internet et le web », le livre électronique reprendrait l’héritage structurant du livre papier en l’organisant dans un espace fermé (les liseuses et les tablettes). Et si certaines entreprises proposent déjà de vendre des livres, chapitre par chapitre, comme des feuilletons, il serait dommage que l’usage du numérique n’ait qu’un effet décomposant au contact du réseau. « Ces formes closes, nécessaires aux démonstrations et aux narrations, ont aussi leur place dans le monde qui vient ».

Personnellement, je privilégierais les liseuses dédiées de type « Kindle » sur les tablettes multifonctions, d’abord pour des raisons physiologiques – l’encre électronique ne fatigue pas les yeux – et ensuite, parce qu’on est moins « distrait » sur ces supports que dans environnement web (messagerie, jeux, vidéo, etc..), même si les « applis » conservent l’aspect intime d’un club fermé…

EBooks : avenir du livre, fin de l’œuvre, système clos ou univers ouvert … (1ère partie)

Les ebooks et la numérisation des ouvrages annoncent-ils vraiment la fin du livre, comme on aime à le répéter depuis plus d’une décennie ?

Le « Livre du futur » (et non le futur du livre …) a figuré parmi les enjeux traités au dernier Congrès de l’IFLA à San Juan (Porto Rico). Il a été au centre d’un débat entre éditeurs, auteurs et bibliothécaires lors d’une session rapportée par Silvie Delorme, Directrice de la BU de Laval au Québec, dans son blog IFLA 2011 Laval. Comme le modèle économique de ce nouveau support n’est pas encore opérationnel, même les éditeurs (les ‘gros’ et les ‘spécialisés’) ne sont pas d’accord entre eux sur les accès simultanés. Quant aux bibliothèques, « elles devront devenir des points d’accès plutôt que des lieux de conservation » …

C’est aussi l’objet du Colloque international qui se tient les 5 et 6 septembre 2011 à Rio-de-Janeiro (Brésil) « E-Books et démocratisation de l’accès. Modèles et expériences de bibliothèques ». Le post « Évolution ou révolution » sur le site Rioscope.com.br pose la question « Comment les bibliothèques peuvent-elles continuer à jouer leur rôle traditionnel avec l’énorme augmentation de l’usage de Smartphones, iPads, Tablet-PCs et e-Readers portables? »

Ce qui ne rassure pas, par ailleurs les bibliothécaires, comme « New Jack Librarian » dans le post « Cassandra and the future of libraries without librarians » qui appréhende l’avenir de la bibliothèque sans bibliothécaires. Cette situation est surtout la conséquence des coupes sombres que subissent les BU américaines en raison des restrictions budgétaires. Les effectifs de certaines bibliothèques fondent, d’après ce post, et ce d’autant plus que certaines ne disposent pas d’une autonomie de recrutement par rapport aux universités dont elles dépendantes …

Mais la seconde raison avancée par New Jack est bien la numérisation croissante des ressources documentaires et plus particulièrement l’acquisition de « bouquets » de revues et bientôt de livres numériques, grâce à des consortiums de bibliothèques. Le travail de sélection et de gestion des collections réalisé jusqu’à présent par les bibliothécaires va bientôt être externalisé vers des sociétés comme « Proquest ».

Avec les bibliothèques numériques gérées par des tiers, la Bibliothèque universitaire risque de représenter plus un coût qu’un investissement pour ses institutions de tutelle. Les bibliothécaires doivent pouvoir répondre à ce défi, notamment à travers des services aux publics (étudiants, enseignants, chercheurs) et démontrer que leur travail incarne aussi bien les valeurs de la bibliothèque, que celles de l’enseignement et de la recherche et de la communauté universitaire.

Après le Conseil national du numérique, l’e-G8 : vers la privatisation du numérique ?

Cela avait commencé fin avril avec la création du Conseil National du Numérique : dans cette instance, censée conseiller le gouvernement sur le développement du numérique en France, on compte très peu de représentants de la société civile : ce sont essentiellement des chefs d’entreprises, représentants de multinationales des télécoms ou de l’édition (Orange, Bouygues, SFR, Alcatel, FNAC) ou grosses start-ups (DailyMotion, Illiad/Free, Meetic). Seul le « data-journaliste » d’Owni représente la presse en ligne.

Avec le e-G8, qui se tient actuellement à Paris (24-25 mai) Nicolas Sarkozy a voulu gravir un échelon : ce n’est plus seulement l’économie numérique française qui est invitée, mais les capitaines d’industrie de la Toile, les patrons de FaceBook, eBay, Google, Amazon se retrouvent dans ce Forum pour préparer le G8 de Deauville deux jours plus tard …
Là aussi, très peu de représentants de la société civile, exceptés Jimmy Wales (Wikipedia) et Lawrence Lessig (Creative Commons) qui défendent le libre accès, même la CNIL n’était pas invitée …;-(

La réaction ne s’est pas faite attendre : dès le premier jour des représentants de la société civile ont publié une déclaration sur la « Quadrature du Net » et ont aussitôt tenu leur propre conférence de presse au coeur du Forum …

Évidemment, pendant le Forum, deux visions se sont affrontées sur la question des droits de la propriété intellectuelle et de l’économie de la création sur internet … Les représentants de l’industrie culturelle sollicitent l’intervention des gouvernements si des accords volontaires n’étaient pas obtenus pour la protection de la propriété intellectuelle …. Cette vision de l' »internet responsable », régulé n’était pas du goût de John Perry Barlow, co-fondateur de l' »Electronic Frontier Foundation » …. Selon lui, il avait l’impression de ne pas venir de la même planète ! En tant qu’artiste, il n’a jamais vu les milliards de dollars, cités par les autres intervenants, générés par l’industrie de la création, même si les créateurs peuvent bien gagner leur vie sans toucher les dividendes de la propriété intellectuelle !

Droit d’auteur et internet : toujours des dissensions. Génération Nouvelles Technologies, 25/05/11

e-G8 : que faut-il en attendre ? par Philippe Leroy, ZDNet, 23/05/11

eG8 : la vie privée au programme des débats, mais sans la CNIL !. Numérama, 24/05/11

e-G8, le gros coup de colère de la société civile. Numérama, 25/05/11

«Forum eG8» : Les gouvernements et entreprises unis pour contrôler le Net. Quadrature du Net, 24/05/11

Grand retour des générations. La GenY d’un côté, la Gen4 lancée par Maurice Levy pour le eG8. Si, si ! Meilcourt, 23/05/11

Sarkozy expulse les libertés de son « internet civilisé » Bug Brother, 21/05/11

Quels modèles de propriété intellectuelle pour les univers virtuels ?

C’est la question que posait la conférence de i-expo « Propriété de l’information : vers de nouveaux modèles juridiques ? » organisée par l’ADIJ, le 18 mai dernier. Les règles actuelles du droit d’auteur sont bousculées en effet par les pratiques des technologies numériques et de nouveaux modèles juridiques restent à inventer.
Le modérateur Alain Bensoussan, avocat à la Cour d’appel de Paris, a comparé la situation actuelle avec celle des années 1900 lorsque l’on déplorait le vol d’électricité. On pouvait constater l’existence de fraudeurs et de personnes dépossédées, mais comment prouver l’existence d’une ‘propriété virtuelle’ ? Il existe des valeurs virtuelles avec destruction des valeurs réelles. Il existe, en effet deux combats, l’un pour la propriété positive (contrats) et le second pour la propriété « négative » (contrefaçon, atteinte aux personnes, vol). Jusqu’à présent, la Cour de Cassation refuse de reconnaître un vol d’information s’il n’y a pas de support matériel … Existe-t-il une propriété virtuelle ? Non, pas en l’état actuel. Existe-t-il des solutions ? Peut-être ou sûrement …
Si la plupart des intervenants (Yves Leroux, Consultant CA Technologie, Laurent Berard-Quélin, Directeur général délégué de la Société Générale de Presse, président de la Commission des médias électroniques, FNPS et Xavier Dalloz, Président, Xavier Dalloz Consulting) ont défendu l’idée d’une propriété intellectuelle virtuelle, seul Georges Chatillon, Directeur du Master Droit de l’internet, Maître de Conférences, Ecole de Droit de la Sorbonne, a reconnu dans l’information et les oeuvres de l’esprit un « Bien commun de l’humanité », à protéger, non pas avec des contrats commerciaux mais avec le « Creative Commons ». Y. Leroux a développé ses arguments pour les jeux vidéo et en ligne, nous citant des cas faramineux d’arnaque et de vols de milliards de crédits (Runscape, Zinga, Affaire Playstation, victime d’une attaque pirate). L. Bérard-Quélin a défendu la presse et l’édition en ligne, arguant de la complexification et de l’accélération du métier (le scoop journalistique est passé avec Twitter, d’une journée à une minute…) Il a aussi réfuté l’idée que le numérique coûte moins cher que le papier, car il y a des investissements lourds et une inflation des coûts avec la multiplication des supports numériques (Ipad). On est passé d’une économie de stock à une économie de flux. Xavier Dalloz, quant à lui, s’est attaqué au rôle-clé des données, en prédisant qu’avec 50 milliards d’objets connectés en 2050, on allait assister à une production immense de données interactives. On entre enfin dans une logique de réseaux collaborative et communautaire, avec un point de passage important : l’accès. On ne dit plus « ça m’appartient » mais « j’appartiens à » (communauté). On parvient à la construction de la confiance avec un « tiers de confiance » dans l’économie systémique en réseau. La notion de propriété n’a plus de sens aujourd’hui, pas plus que celle de vie privée … On est en train d’aller vers une médiation basée sur l’abonnement, avec l’émergence du concept de monnaie privative ou attributive, vers un internet transactionnel.
La discussion a porté sur le droit à l’oubli vs le ‘devoir de mémoire’, le droit d’accès et le droit d’abonnement qui fait des internautes des « co-propriétaires » de l’information et des réseaux sociaux qui représentent soit un nouvel esclavage, soit l’instrument de la libération des peuples (printemps arabe) ….

Humanités numériques : le nouveau blog de l’INTD

Après les wikis du CNRS (Edition électronique en Sciences Humaines et sociale), l’INTD-CNAM vient de lancer un nouveau blog de veille sur les humanités numériques, avec le soutier financier du TGE Adonis. Digital Humanities International se propose d’appréhender les humanités numériques et les champs connexes au niveau international. Il s’adresse aux chercheurs en SHS et aux professionnels de l’information. Ses articles couvrent tout ce qui concerne l’édition électronique, le traitement des données numériques et les initiatives de libre accès (Open access).

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