Le Christ porteur du monde : cathédrale de Strasbourg

11 novembre 2010 par dcolas

La cathédrale de Strasbourg pourrait servir de rappel sur l’ancienneté de la globalisation : changements répétés d’affectation religieuse entre catholicisme et protestantisme, incorporation de la ville à la France par Louis XIV qui profite de la menace que les Ottomans font peser sur Vienne (ce qui déclenche l’ironie de Leibniz contre le « Mars très chrétien »), annexion par l’empire allemand en 1870 (après bombardement destructeur de la ville), retour à la France, qu’on peut précisément dater du 11 novembre 1918, départ de certains juifs allemands venus s’installer en Alsace vers les Etats Unis en raison de l’hostilité des autorités françaises, intégration au IIIe Reich, projet nazi de transformer la cathédrale en un lieu de culte allemand, retour à la France.

Et l’on pourrait continuer : c’est à Strasbourg qu’est édité (comme un incunable) fin XVe siècle  la nouvelle traduction en latin des Politiques d’Aristote par Leonardo Bruni (qu’il a effectuée quelques dizaines d’années auparavant à Florence) ; c’est à Nancy que se rend Freud en 1889 avec une patiente qu’il voudrait faire hyptoniser par un grand spécialiste de l’hystérie Hippolyte Bernheim qui, par patriotisme, a préféré quitter Strasbourg après l’annexion allemande en 1871.

Et les sculptures de la cathédrale de Strasbourg sont en grande partie dues à ceux qui ont travaillé à  la cathédrale de Chartres.

Sur la facade et sur le portail sud deux sculptures du Christ dont il existe une très grande variété sur de nombreux édifices (où dans des églises et, bien sûr, dans des musées). Dans celle que l’on voit à Strasbourg, sur la façade centrale, le globe que porte le Christ enfant , dressé sur les genoux de sa mère, n’est pas une orbe crucifère mais une simple sphère (fig. 1 et 2). Même type d’orbe mais porté par le Christ adulte au dessus de la statue du roi Salomon sur le portail sud (fig. 3), célèbre surtout pas les deux statues de l’Eglise et de la Synagogue. Cette statue est bien plus proche du sol que la statue de la Vierge portant de l’enfant et, en ce sens, plus visible.

fig, 1 Le Christ sur les genoux de la Vierge, cathédrale de Strasbourg (Cliché D. Colas)

fig 2 Le Christ sur les genoux de la Vierge, cathédrale de Strasbourg (Cliché D. Colas)

fig.3, Christ portant le monde, cathédrale de Strasbourg, portail sud (cliché D. Colas)

 
 
 

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