Prague : les orbes de Dieu

10 décembre 2010 par dcolas

A Prague on voit un très grand nombre de sphères métalliques sur les toits de divers bâtiments qui ont une fonction décorative (mais qui peuvent aussi évoquer la globalité du pouvoir) et de très nombreuses orbes crucifères sur des églises. Celles-ci sont surtout massivement présentes sur des édifice de style baroque .

Ces orbes ont des formes très variées. On pourra les comparer avec les orbes crucifères de Rome (dans un blog à venir). Trois points notables. Ces orbes sont en métal  et sont comme des boules creuses, ce qui les rend légères, aériennes : elles peuvent être posées tout en haut des églises, érigées au sommet de pylônes fins. Par leur matériau elles se prêtent à une multitude de façonnages. Et, enfin, elles sont dorées, reflétant la lumière. Les restaurations qu’ont connues les bâtiments du centre de Prague depuis la fin du communisme ont fait scintiller ses toits.

Prague, Orge surmontée d'une croix à deux branches (Cliché D. Colas)

Orbe surmontée d'une croix de Malte (Cliché D. Colas)

Prague la Vieille ville vue du Pont Charles. A droite la Tour du Pont avec des orbes sans croix. Tout à fait à gauche l'Atlas au sommet de la tour astronomique du Clementium. (Cliché D. Colas)

Et l’on voit aussi au moins une image de Dieu portant une orbe crucifère dans sa main, à très peu de distance de l’Atlas portant le ciel sur son dos (celui-ci avec en plus un pigeon le jour du printemps dernier ou j’ai pris la photo, blog du  02/04/2009), une sculpture en pierre sur le toit d’une église. Le style de baroque qui triomphe à Prague conduit à orner les statues de métal doré comme ce Christ sur le toit de l’église Saint Sauveur, une partie du Clementium, institution jésuite.

Prague Dieu porteur d'une orge crucifère, église Saint Sauveur, ancienne église jésuite du Clementium (Cliché D. Colas)

Par contraste avec cette statue en pierre portant une orbe la multiplicité aérienne des orbes aux formes variées:

Prague Orbe crucifère (Cliché D. Colas)

Prague Orbe crucifère (Cliché D. Colas)

La multiplicité d’orbes au sommet des églises est égale à celle qu’on trouve sur les bâtiments publiques.

Prague, le Petit Côté, depuis le Pont Charlesn en haut à droite la cathédrale Saint Guy. A gauche tour militaire. (Cliché D. Colas)

Prague, Petit-Côté : l'église Saint Nicolas a gauche des Tours du Petit-Côté (Cliché D. Colas)

Prague Saint Nicolas dans le Petit Côté entre les tours (Cliché D. Colas)

Prague les clochers de Saint Nicolas Petit-Côté (Cliché D. Colas)

Sur la place la Vielle Ville on trouve deux grandes églises, l’une gothique, Notre-Dame-de-Tyn,  où est enterré Tycho Brahe qui travailla auprès de Rodolphe II. Les sommes des deux tours de Notre-Dame-de-Tyn sont ornés d’une série de sphères métalliques au sommet d’une série de clochers et clochetons, sphères qui sont nombreuses, seize, et brillantes. On peut relever que sur des monnaies de Rodolphe II, roi de Hongrie et de Bohème (1552-1612) on le voit portant une orde crucifère et c’est auprès de lui que Tycho Brahe (1546-1611)  passa ses dernières années. On sait que Tycho Brahe essaya de construire un sytème mixte geo et hélio centré. Mais par ses travaux il permet à Képler de fonder son modèle héliocentrique et de formuler ses lois. Le modèle d’univers astronomique auquel pouvait renvoyer la sphère céleste perdait tout fondement dans l’astronomie, ce qui ne signifie pas que sa pertinence symbolique et politique soit entamé.

Ducat de Rudophe II de Habsbourg, en cours lors du vivant de Thycho Brahé (image venant du site http://coincircuit.com/)

Sur la place de la Vielle ville au trouve aussi la tour de l’horloge et aussi la tour de l’Hôtel de Ville, gothique. Et, plus tardive, une église baroque, Saint-Nicolas, où les trois clochers portent des orbes crucifères. A

Prague, Notre-Dame-de-Tyn sur la place de la Vieille Ville (Cliché D. Colas)

L'Hôtel de ville gothique sur la place de la Vielle- Ville (Cliché D. Colas)

Prague Saint Nicolas sur la place de la Vielle-Ville (Cliché D. Colas)

Saint Nicolas place de la Vieille Ville (Cliché D. Colas)

Ainsi les sphères métalliques sans croix sur les églises ou bâtiments publics (hôtel de ville, tours des anciens remparts) sont érigées à l’époque gothique tandis que les orbes crucifères sont baroques. Notre hypothèse est qu’elle sont liés aux projet mondial des jésuites et à l’esprit de la Contre Réforme.

Retournons maintenant au monument qui domine Prague : la Cathédrale Saint Guy. Le clocher renaissance est coiffé d’un bulbe baroque entouré de quatre pylônes portant des sphères ornés d’oriflammes.

Prague, la Cathédrale Saint Guy, a gauche le clocher renaissance (Cliché D. Colas)

Et redescendons du château pour emprunter le pont Manesuv, sur la Vlasta, qui sépare le Petit-Côté de la Vieille Ville et nous pouvons voir les tours qui sont à l’entrée de celle-ci dans l’axe du Pont Charles.

Prague, Tours médiévales du côté de la vielle ville et la première arche du Pont Charles (Cliché D. Colas)

 
 
 

Laisser un commentaire