Trois images du Christ porteur d’une orbe au Musée d’Unterlinden à Colmar

23 décembre 2010 par dcolas

Le Musée d’Unterlinden à Colmar est surtout connu pour le rétable d’Issenheim. Mais il comprend d’autres oeuvres du  début de la renaissance de la région rhénane.

Au centre du rétable de Matthias Grunewald un ensemble sculpté au milieu duquel se trouve Saint Antoine : le rétable était un lieu de vénération pour les malades atteints du feu de Saint- Antoine ou mal des ardents (la maladie de l’ergot de seigle) qui se rendaient le couvent des Antonins pour y prier et y  recevoir de l’aide.  Sur cette grande sculpture se rabattent deux panneaux peints. Et en dessous une sculpture du Christ avec les douze apôtres. Les peintures sont de Grunewald et les sculptures de Nicolas de Hagenau (actif à Strasbourg à la fin du XVe siècle et mort entre 1520 et 1536). Dans cette sculpture il a représenté le Christ porteur d’une orbe crucifère.

Nicolas de Hagueneau, Christ dans le rétable d'Issenheim, entre 1512 et 1516, Musée d'Unterlinden, Colmar (Cliché D. Colas)

Mais le même musée comprend deux autres sculptures en bois (tilleul) qui montre la fécondité du thème du Christ porteur d’une orbe.

Le Christ au pied de Saint Christophe tenant une orbe, bas relief sur bois, Musée d'Unterlinden, (Cliché D. Colas)

Et en remontant dans la vie du Christ on le trouve dans les bras de sa mère

Anonyme, Marie tenant le Christ, une orbe à la main, Musée d'Unterlinden, (Cliché D. Colas)

Celui qu’on connait comme Grunewald s’appelait, Mathis Gothart Nithart. Un opéra lui a été consacré par Paul Hindemith, Mathis der Maler, « Mathis le Peintre », qui est monté à l’Opéra de Paris en 2009, direction Eschenbach, mise en scène d’O. Py. Une des questions centrales du livret est celle des iconoclastes qui accompagnèrent l’essor du message de Luther et d’autres critiques de l’Eglise de Rome comme Zwingli (question au coeur de mon livre Le Glaive et le Fléau. Généalogie du fanatisme et de société civile, Grasset, 1992). En tout cas Grunewald peut être classé parmi les artistes de la  période pré-réforme de la Renaissance selon la chronologie de Michael Baxandall, The Limewood sculptors of Renaissance Germany, Yale U.P., 1985. Dans ce livre on trouvera plusieurs photos de sculptures avec un Christ portant une orbe. Mais une question latérale : ne pourront on faire une carte du monde selon un partage entre iconoclastes et iconodules ? Quelle est la représentation du globe chez ceux qui ne le représentent pas dans un lien avec Dieu car ils soupçonnent d’idôlatrie les images de Dieu ?

 
 
 

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