SPEAP 2015-2016

Mettre en scène les territoires: paysages, sols, sous-sols

Swamp Club - Philippe Quesne / Vivarium Studio.

© Martin Argyroglo Swamp Club (mise en scène Philippe Quesne)

Cette année, les travaux de SPEAP et les commandes sur lesquelles enquêtent les élèves concernent les questions de territoire. Ces questions sont conçues non seulement selon les approches classiques (géopolitiques et urbanistiques), mais en termes de puissances à la fois maltraitées et menaçantes, dynamiques et multiples. Simultanément en surface et en profondeur, selon des approches qui mobilisent des notions de design, de physique des sols, de scénographie.

 

 

 

Make It Work / Le Théâtre des négociations

P1090237

 Les 29, 30 et 31 mai à Nanterre-Amandiers a eu lieu une expérience sans équivalent. Expérience politique, expérience diplomatique et scientifique, expérience pédagogique, expérience artistique.

Durant trois jours, 200 étudiants venus de monde entier participeront, en public, à une simulation de la Conférence internationale sur le climat, la COP21, qui se tiendra à Paris fin novembre début décembre, échéance majeure dans la course contre la montre face à la dégradation rapide des conditions climatiques sur toute la planète, et face à ses innombrables conséquences catastrophiques, aujourd’hui déjà, infiniment plus demain.

Mis en œuvre  dans le cadre de « Make It Work », un ensemble d’initiatives lancées par Sciences Po en relation avec la préparation de la COP21, ce projet se situe aux confins de l’action politique et de la création artistique. Il ne s’agit pas ici de faire semblant, encore moins de se moquer. Il s’agit bien de jouer, mais de jouer pour comprendre, de jouer pour agir, de jouer pour transformer.

Les conférences climat depuis 20 ans ont accumulé un terrible retard face aux urgences de la dégradation climatique liée notamment aux émissions de CO2. Cette impuissance meurtrière est à la fois la conséquence de la gigantesque complexité des thèmes traités et des formats de négociation internationale qui ont mission de les prendre en charge. Le Théâtre des négociations prend en compte les multiples aspects de ces deux obstacles, en se basant sur les sujets réels de débat et les modalités réelles des négociations, mais en expérimentant des déplacements et des reformulations qui permettent d’envisager de sortir des impasses existantes.

Toutes les grandes universités du monde utilisent aujourd’hui le dispositif du re-enactment où les étudiants rejouent des situations réelles pour en mettre à jour les enjeux et le sens. Avec ce « pre-enactment », Make It Work / Le Théâtre des négociations renouvelle cette pratique dans une visée clairement interrogative et transformatrice. Et, à la différence de ce qui se produit dans les véritables conférences climat (et dans les re-enactements universitaires), le Théâtre des négociations sera ouvert au public, avec plusieurs modalités d’interactions avec les négociateurs, en même temps que l’accès à un grand nombre de ressources informatives sur le sujet.

Ce projet est né de la conviction que les échecs et atermoiements des conférences climat sont dus essentiellement à des problème de représentation : à la fois représentation des problèmes et représentation dans une assemblée de type ONU des collectivités humaines et des autres êtres qui composent la planète. La représentation, c’est aussi, c’est fondamentalement la question du théâtre, et il est donc légitime que ce soit avec le théâtre, au sein d’un théâtre – de l’ensemble des bâtiments et environnements du théâtre – que soit mise en œuvre cette proposition de repenser par les actes le fonctionnement d’une procédure en charge de rien moins que l’existence de toutes les formes de vie sur terre. Puisqu’en effet, de manière fort concrète, ce qui se passe relève bien du registre de la tragédie.

Make It Work / Le Théâtre des négociations a été conçu par SPEAP (Programme d’expérimentation en art et politique de Sciences Po), autour de Bruno Latour et Frédérique Aït-Touati, en liaison avec le groupe Make It Work de Sciences Po, autour de Laurence Tubiana et Mathilde Imer, et est mis en œuvre par Philippe Quesne avec l’ensemble des équipes de Nanterre-Amandiers et le collectif d’architectes Raumlaborberlin, avec le concours de la Parsons School of Design et de L’Ecole nationale d’architecture de Paris-Malaquais, de l’IDDRI(Institut du Développement Durable et des Relations Internationales) et de CliMates.