[Working Paper 2/2019] Eric Verdeil, « L’émergence des études urbaines au Liban – Engagements critiques locaux et mondialisation des pratiques académiques »

9 janvier 2020
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Nous vous signalons la parution du deuxième working paper Cities are Back in Town de 2019. Dans cet article intitulé « L’émergence des études urbaines au Liban. Engagements critiques locaux et mondialisation des pratiques académiques », Eric Verdeil, professeur de géographie et études urbaines à Sciences Po et directeur du master STU de l’Ecole Urbaine, s’intéresse à l’émergence et à la structuration des études urbaines dans le champ universitaire libanais.

Lien vers le PDF : WP 02_2019 Verdeil

Résumé

L’émergence et la structuration des études urbaines constituent des modifications parmi les plus frappantes au sein des sciences sociales au Liban depuis la fin de la guerre civile. Cela renvoie à la fois à une actualité sociale et politique, celle de la reconstruction et de la modernisation des villes dans les trente dernières années. Mais cela est également lié à des mutations du milieu universitaire lui-même et en particulier aux formes de son insertion internationale. En ce sens, la montée des études urbaines au Liban est intéressante à étudier dans une perspective comparée, prenant en compte les spécificités des études urbaines, notamment la tension entre structuration académique et lien avec l’action publique, et les renouvellements à l’échelle globale, liés à la montée des problématiques des villes du Sud. Ce texte pose d’abord un cadre d’analyse des études urbaines pour un pays du Sud, avant de développer trois grands résultats: l’histoire de l’émergence des études urbaines au Liban accompagne des mobilisations d’intellectuel.le.s et d’universitaires contre les politiques publiques de reconstruction et d’aménagement urbain. Les études urbaines se structurent dans un espace académique qui est celui de l’urbanisme, étroitement liée au Liban aux facultés d’architecture. Ces foyers des études urbaines sont inégalement dotés pour prendre place dans l’espace académique international. L’Université Américaine de Beyrouth se distingue sur ce plan. L’État et les acteurs publics locaux jouent un rôle mineur dans la structuration des études urbaines mais des formes de co-production de données et de savoirs pratiques associant universitaires, consultants et administrations sont néanmoins observables. Enfin, le développement des études urbaines est indissociable du militantisme urbain qui conduit à l’adoption de nouvelles pratiques de coproduction de savoirs avec les habitants et de nouvelles formes de diffusion, qu’il est loisible de comprendre comme des pratiques de traduction entre différents publics, comme l’ont proposé à propos de l’Afrique du Sud Susan Parnell et Edgar Pieterse.