Bouvard et Pécuchet, et Colas : question de méthode

29 novembre 2010 par dcolas

Flaubert fait passer Bouvard et Pécuchet par une phase où ils sont « archéologues » et les voici s’interrogeant sur les anciens Gaulois dont il ne reste que des pierres et des tumulus.

« Que signifiaient les tumulus ?

Plusieurs contiennent des squelettes ayant la position du fœtus dans le sein de sa mère. Cela veut dire que le tombeau était pour eux comme une seconde gestation les préparant à une autre vie. Donc le tumulus symbolise l’organe femelle, comme la pierre levée est l’organe mâle.

En effet, où il y a des menhirs, un culte obscène a persisté. Témoin ce qui se faisait à Guérande, à Chichebouche, au Croisic, à Livarot. Anciennement, les tours, les pyramides, les cierges, les bornes des routes, et même les arbres avaient la signification de phallus, et pour Bouvard et Pécuchet, tout devint phallus. Ils recueillirent des palonniers de voiture, des jambes de fauteuil, des verrous de cave, des pilons de pharmacien. Quand on venait les voir, ils demandaient :

— À qui trouvez-vous que cela ressemble ?

Puis confiaient le mystère, et, si l’on se récriait, ils levaient de pitié les épaules. »

Ce passage de l’oeuvre de Flaubert m’est venu à l’esprit quand, pour un bref moment heureusement, j’aurais pu dire que pour moi « tout devint globe ».

Après avoir identifié un globe terrestre sur la façade de l’école communale primaire de la rue Saint Maur dans le Xe arrondissement (voir le blog du 30/10:2008)  j’en découvre un sur une autre école dans le même arrondissement.

Il est dans les bras d’une jeune fille accompagnée de trois compagnes. Symbole de l’appropriation de la terre par une jeune géographe ? Ou bien une Uranie qui  a la terre dans ses bras et non à ses pieds comme l’Uranie qui orne  la façade d’un autre établissement scolaire parisien, le Lycée Janson de Sailly (que j’ai vu mais dont je n’ai pas encore de photo) ?

Ecole de fille de la rue de Marseille Paris 7010 : quatre jeunes filles, la plus à droite tient une sphère (Cliché D. Colas)

La figure de la jeune fille portant une sphère est bien dans le style de l’ensemble : milieu des années 30, comme le globe géographique  de l’école de la rue Saint Maur, celui-ci sur un pied,  était lié au style 1900.

Paris, Ecole rue de Marseille, jeune fille à la sphère (Cliché D. Colas)

Mais mon herméneutique va illustrer une nouvelle fois les effets du cercle herméneutique, car, par scrupule d’enquêteur de terrain, je décide de tourner le coin du bâtiment pour aller regarder la façade de l’école de garçons. Et là je trouve quatre  jeunes apprentis des arts et des sciences dont l’un tient un ballon de football. Rétroaction, la jeune fille à la sphère ne tient pas un globe terrestre ou céleste mais un ballon de baskett.

Découverte pyramidale eût dit Flaubert.

Paris, école de garçons rue de Marseille, (Cliché D. Colas)


 
 
 

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