Ingres : Napoléon I er et César

8 novembre 2010 par dcolas

Ingres a réalisé plusieurs esquisses pour un tableau intitulé César (dans une collection privée et dont je n’ai pas encore trouvé de reproduction). On y voit le général romain avec une sphère dans la main droite, un regalia antique. Ces esquisses présentent des variantes : sur l’une César, en costume classique de soldat romain, est montré devant une arche et tenant un rouleau à la main (fig.1), sur une autre il est nu (fig. 2)

Selon la notice la base JOCONDE « L ‘intention première était de créer un frontispice pour l’ « Histoire de Jules César », écrite, en 1864, par Napoléon III lui-même. La gravure, réalisée par Salmon, fut en fait incluse entre les pages 214 et 215 du premier volume de l’ouvrage. »

fig. I, Ingres, César, debout, à mi-corps de face, devant une architecture, Montauban ; musée Ingres © Montauban, musée Ingres, © Direction des musées de France, 2008 © Roumagnac Guy

fig. 2 Ingres, César nu avec un hast et un globe © Montauban, musée Ingres, © Direction des musées de France, 2008 © Roumagnac Guy

La représentation de César peut se compliquer : Ingres le dessine, couronné de laurier, devant un zodiaque (qui symbolise la sphère céleste), portant un globe et derrière un aigle debout sur un cartle qui porte « CAESAR IMPERATOR », un titre plus adapté à Napoléon Ier et à Napoléon III qu’au général romain(fig. 3)

fig. 3. Ingres, César, derrière un aigle placé au dessus d'un cartel

Mais ces dessins de César outre la lithographie qu’elle permit de faire sont liés à la réalisation, antérieure, d’un plafond de l’Hôtel de Ville de Paris : « L’Apothéose de Napoléon » qui fut détruite par l’incendie du bâtiment lors de la commune de Paris en 1871, et dont est conservé une esquisse (au Musée Carnavalet). L’empereur y tient un globe de couleur verte. Et un aigle le montre la voie du ciel : ce n’est pas le premier monarque français à être représenté dans un char ascendant tiré par des chevaux. En tout cas l’analyse de Marx qui fait du bonapartisme de Napoléon III une « religion » qui opère par transfert de la divinité de l’oncle sur  le neveu trouve ici un de ses instruments : la propagande pas l’image avec référence au modèle antique. Et le Seconde Empire commande à celui qui a peint, en 1808, Napoléon Ier sur son trône un tableau qui le montre divinisé comme un dieu païen : et si l’orbe, regalia impériale, est crucifère dans plusieurs tableaux de Napoléon (notamment dans le sacre par David) elle ne pouvait évidemment l’être dans une identification entre Napoléon et César.

fig. 4. Ingres, Apothéose de Napoléon, Musée Carnavalet.

[ Sur les dessins qui sont au musée de Montauban, et quelques uns du même tabac, voir la base Joconde et ses notices qui donne un bibliographie :

Les dessins de J.-A.-D. Ingres du musée de Montauban, Paris, 5 vol. (Pages 116-117)Ingres sa vie, son oeuvre d’après des documents inédits, Paris, 1911 (Page 540). Neal Fiertag, « La redécouverte du Jules César d’Ingres », Bulletin du musée Ingres, n° 49-50, décembre 1982, p.3 à 13 (reproductions) ]

 
 
 

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