Ingres a réalisé plusieurs esquisses pour un tableau intitulé César (dans une collection privée et dont je n’ai pas encore trouvé de reproduction). On y voit le général romain avec une sphère dans la main droite, un regalia antique. Ces esquisses présentent des variantes : sur l’une César, en costume classique de soldat romain, est montré devant une arche et tenant un rouleau à la main (fig.1), sur une autre il est nu (fig. 2)
Selon la notice la base JOCONDE « L ‘intention première était de créer un frontispice pour l’ « Histoire de Jules César », écrite, en 1864, par Napoléon III lui-même. La gravure, réalisée par Salmon, fut en fait incluse entre les pages 214 et 215 du premier volume de l’ouvrage. »
La représentation de César peut se compliquer : Ingres le dessine, couronné de laurier, devant un zodiaque (qui symbolise la sphère céleste), portant un globe et derrière un aigle debout sur un cartle qui porte « CAESAR IMPERATOR », un titre plus adapté à Napoléon Ier et à Napoléon III qu’au général romain(fig. 3)
Mais ces dessins de César outre la lithographie qu’elle permit de faire sont liés à la réalisation, antérieure, d’un plafond de l’Hôtel de Ville de Paris : « L’Apothéose de Napoléon » qui fut détruite par l’incendie du bâtiment lors de la commune de Paris en 1871, et dont est conservé une esquisse (au Musée Carnavalet). L’empereur y tient un globe de couleur verte. Et un aigle le montre la voie du ciel : ce n’est pas le premier monarque français à être représenté dans un char ascendant tiré par des chevaux. En tout cas l’analyse de Marx qui fait du bonapartisme de Napoléon III une « religion » qui opère par transfert de la divinité de l’oncle sur le neveu trouve ici un de ses instruments : la propagande pas l’image avec référence au modèle antique. Et le Seconde Empire commande à celui qui a peint, en 1808, Napoléon Ier sur son trône un tableau qui le montre divinisé comme un dieu païen : et si l’orbe, regalia impériale, est crucifère dans plusieurs tableaux de Napoléon (notamment dans le sacre par David) elle ne pouvait évidemment l’être dans une identification entre Napoléon et César.
[ Sur les dessins qui sont au musée de Montauban, et quelques uns du même tabac, voir la base Joconde et ses notices qui donne un bibliographie :
Les dessins de J.-A.-D. Ingres du musée de Montauban, Paris, 5 vol. (Pages 116-117)Ingres sa vie, son oeuvre d’après des documents inédits, Paris, 1911 (Page 540). Neal Fiertag, « La redécouverte du Jules César d’Ingres », Bulletin du musée Ingres, n° 49-50, décembre 1982, p.3 à 13 (reproductions) ]
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