Si l’étude des institutions est traditionnellement marquée par l’analyse de la stabilité, les néo-institutionnalistes ont cherché depuis les années 1990 à combler ce biais en consacrant leurs recherches à l’évolution et au changement des institutions. Un pan important de cette littérature est dédié aux mécanismes de changement alors que les mécanismes étaient davantage utilisés pour expliquer la résilience et la reproduction institutionnelles.
Or, si plusieurs chercheurs ont vu dans le local un échelon privilégié pour étudier le changement institutionnel, que ce soit du point de vue des politiques publiques, de l’État ou encore de la représentation politique, peu ont étudié les mécanismes de changement des institutions et des politiques locales.
L’objectif de ce texte est d’identifier des mécanismes de changement institutionnel à l’échelon local pour expliquer la mise en place et l’évolution de politiques publiques, et plus particulièrement pour mieux comprendre la différenciation territoriale. Grâce à une comparaison diachronique des mécanismes de changement institutionnel, nous analysons la politique à destination des immigrants et des minorités ethnoculturelles/racisées menée par une municipalité canadienne, la Ville de Laval. Nous montrerons que les configurations institutionnelles, spécifiques à chaque ville et variables dans le temps, façonnent des mécanismes de changement, qui, à leur tour, expliquent l’évolution des politiques publiques locales.
