Globes sur les façades du Louvre et des Tuileries

12 novembre 2010 par dcolas

Après une série d’examen des façades du Louvre et des Tuileries j’arrive à un inventaire qui doit comporter l’ensemble des exemplaires de globes que l’on y peut voir, des globes terrestres et aussi des globes célestes : au total 18.

Tailles différentes, styles variés, époques très distinctes.  La plupart sont des globes terrestres mais qui sont souvent  liés à des sphères célestes ou armillaires. Des femmes sont géographes mais aussi liées à l’astronomie. Les plus anciens globes se trouvent au deuxième niveau de l’aile ouest de la Cour carrée et sont dus à Jean Goujon ou à  ses élèves. Les plus récents datent de Napoléon III et de la reconstruction postérieure à la Commune et sont sur les façade des ailes intérieures des Tuileries.

Sur ce palais royal (et impérial) on ne s’attend pas à trouver des globes ayant en sens directement religieux. Et l’on n’est pas étonné que les plus nombreux soient des globes terrestres sur des pieds pris dans des groupes d’objet symbolisant les arts et les sciences dont les souverains sont des protecteurs attitrés avant même l’ouverture d’un musée. C’est à la suite de Mazarin que Louis XIV a constitué ses collectons, vers 1660, qui se trouvaient au Louvre avant de rejoindre Versailles. Mais certaines parties du Louvre étaient consacrées à des collections bien avant, ainsi Henri IV avait-il aménagé sa collection d’Antiques au rez de chaussée de la galerie au bord de l’eau. L’histoire des collections de Louis XIV est complexe et elle peut donner lieu à des erreurs d’interprétation. Ainsi comme le rappelle Antoine Schnapper ce qui est politique pour le monarque ce n’est pas de les collectionner mais de commander des oeuvres d’art. Et en ce sens on pourrait dire que le bâtiment du Louvre est plus politique que les tableaux, bijoux, médailles, statues, livres, filigranes, qu’il contient. Même si on peut interpréter politiquement le dispositif qui, en 1668, dans la galerie de Diane place au dessus du trôle du roi le tableau de Raphaël représentant Saint Michel.  (Voir le très intéressant article d’ Antoine Schnapper, « Trèsors sans toit : sur les débuts de Louis XIV collectionneur » (Revue de l’Art, Année 1993, vol. 99, n°99, pp.53-59)

Louis XIV fit installer les sculptures antiques dans la salle des Caryatides en 1692. Comme il est parti à Versailles on trouve de nouvelle fonction pour le bâtiment : s’y installent  l’Académie française et celle des Inscriptions et Belles Lettres, l’Académie royale de Peinture et de Sculpture. Celle-ci restera en place jusqu’en 1792. Dès la fin du XVI e siècle, l’Académie organise au Louvre le premier d’une longue série de salons qui sont largement visités. En ce sens on comprend que les façades du musée montrent allégoriquement ce qu’on y voit : des oeuvres d’art. Le processus de transformation de l’ensemble Tuileries-Louvre en musée, (qu’il est devenu de façon permanente pour une partie des bâtiments du Louvre en 1793) de lieu de la cour et du pouvoir politique  et administratif qu’il était,  ne s’achèvera que lorsque le ministère des finances quittera les Tuileries en 1989.

Revenons donc au bâtiment qui est incontestablement politique : par son origine, des commandes royales ou impériales, et par son but d’ostentation où le rôle du souverain comme protecteur des arts est souligné. Etant donné sa complexité nous allons parler sans tenir compte de la chronologie (la plus claire est donnée par le site Structurae), et puisque, somme toute, nous nous plaçons non sous l’angle de l’éternité mais que nous déplaçons plutôt avec le regard d’un flâneur parisien.

On suit l’itinéraire suivant :

Cour carrée extérieur : façade extérieure est, celle de la Colonnade, façade extérieure sud.
Cour carrée intérieur : fronton au dessus l’entrée sud, façade est entourant le pavillon Sully.

Tuileries : pavillon Sully, aile nord, aile ouest.

Cour carrée du Louvre extérieur

fig 1 Colonnade du Louvre, façade orientale de la cour carrée (1672) partie centrale (Cliché D. Colas)

Sur le fronton de la partie centrale de la Colonnade, un hommage à Louis XIV protecteur des arts et sciences où l’on voit une femme qui a la main posée sur un globe céleste (sur un pied) comme en atteste les signes du zodiaque qui l’entourent (fig. 2)

fig.2, Fronton de la Colonnade : globe céleste (Cliché D. Colas)

Sur la façade extérieure sud on trouve quatre sculptures de globes (fig. 3) au deuxième niveau (fig. 4) et au troisième niveau (fig. 5)

fig. 3, Cour carrée façade sud ornée du double L monogramme de Louis XIV. (Cliché D. Colas)

fig. 4. Cour carrée façade sud fronton : au centre le globe terrestre, tout à fait à droite une sphère armillaire (Cliché D. Colas)

fig.5 Cour carrée les arts et la guerre, façade sud. Les arts et la guerre face à face. (Cliché D. Colas)

cour carrée façade sud, fronton. La femme, bras appuyé sur la terre, tient un compas

fig.6 cour carrée façade sud, fronton. La femme, bras appuyé sur la terre, tient un compas. Le "H" rappelle que cette aile à été construite par décision de Henri IV (Cliché D. Colas)

Cour carrée intérieur

Sur le fronton de la partie sud de la Cour Carrée l’on peut voir un hommage des arts et des sciences qui évoque celui de la partie centrale de la colonnade (fig. 2).

fig.7. Cour carrée du Louvre fronton de l'aile sud (Cliché D. Colas)

Sur ce fronton une femme utilise un compas pour faire une mesure sur un globe terrestre, et plus exactement sur la partie occidentale de la Méditerranée où l’on reconnait l’Italie, la Sicile, la Sardaigne et la Corse. Ce fronton a été sculpté en 1811 : la centralité, même invisible vue du sol, de la Corse n’y est pas un hasard.

fig. 8. Cour Carrée : fronton de l'aile sud. Une femme mesure la terre où l'on voit la Méditerranée occidentale (Cliché D. Colas)

La façade intérieure est de la Cour carrée, qui est celle où se trouve le pavillon Sully (ou pavillon de l’Horloge), comprend plusieurs représentations de globe.

Tout d’abord, en partant du sud deux enfants, symétriques, dont l’un a sur les épaules au globe céleste et l’autre un globe  terrestre.

fig. 9 Louvre cour carrée, à gauche du pavillon Sully, sphère céleste et globe terrestre (Cliché D. Colas)

Au nord du Pavillon Sully on trouve plusieurs globes dans deux groupes différents.

fig. 10 Cour carrée du Louvre, nord du Pavillon Sully (Cliché D. Colas)

Le groupe le plus près du Pavillon Sully montre Hercule,  et sa massue, face à Minerve qui porte sur ses genoux une sphère

fig. 11. Cour carrée à droite du Pavillon Sully (Cliché D. Colas)

fig. 12 Cour carrée, la terre sur les genoux de Minerve (Cliché D. Colas)

Plus au nord on voit une femme avec une lyre entre une sphère céleste, entourée des signes du zodiaque, et un globe terrestre, qui domine la musique et les lettres.

fig. 13 Cour carrée, nord du Pavillon Sully, (Cliché D. Colas)

fig 14 Cour carrée façade au nord du Pavillon Sully : la terre (Cliché D. Colas)

fig 15. Cour carrée façade au nord du Pavillon Sully : sphère céleste (Cliché D. Colas)

Tuileries


Par le passage qui traverse le Pavillon Sully on est conduit dans la cour des Tuileries.

fig. Façade ouest du Pavillon Sully, vue depuis les Tuilieries

fig. 16 Façade ouest du Pavillon Sully, vue depuis les Tuilieries (Cliché D. Colas)

Sur façade ouest du Pavillon Sully se trouve une horloge qui est comme soutenue par deux anges dont le pied est posé pour celui de droite sur une sphère armillaire et pour son vis-à-vis sur un globe terrestre

fig. 1 Pavillon Sully façade oust : sphère armillaire sous le pied de l'ange de droite

fig. 17 Pavillon Sully façade oust : sphère armillaire sous le pied de l'ange de droite (Cliché D. Colas)

fig. 18 Pavillon Sully façade oust : globe terrestre sous le pied de l'ange de droite (Cliché D. Colas)

Sur le toit de la Cour carrée mais tournée vers les Tuileries à chaque angle une sculpture. Celle située au nord célèbre Napoléon Ier et elle le montre avec la main sur un globe, qui est supporté par un pied.

Statue illustrant Napoléon Ier toit de l'angle Nord du Pavillon Sully et des Tuileries

fig. 19 Groupe allégorique à la gloire de l'empire regardant les Tuileries dans l'angle nord est du Pavillon Sully (Cliché D. Colas)

En avançant vers l’ouest on trouve à droite le Pavillon Richelieu.

fig. 20 Pavillon Richelieu façade sud (Cliché D. Colas)

Dans le fronton qui le surmonte on trouve un autre hommage aux arts et aux lettres, avec comme dans d’autres un globe céleste (entouré de signes du zodiaque) : il entouré d’un fourneau de chimiste et d’une ancre marine à côté de laquelle on voit la gueule d’un canon. Le contraste est fort avec la nette séparation arts de guerre, beaux arts du bas relief de l’entrée sud de la Cour carrée (fig.5).

Fig. La terre dans le fronton de la façade nord du Pavillon Richelieu

Fig. 21 Globe céleste, drapeaux, canons et autres engins de guerre dans le fronton de la façade nord du Pavillon Richelieu (Cliché D. Colas)

De l’autre côté le pavillon Mollien montre à son sommet  un motif sculpté très différent. Il s’affranchit de la forme fronton.

fig. 22 Tuileries, Le Pavillon Mollien, façade nord (Cliché D. Colas)

Et il montre la terre dont les continents sont clairement dessinés et portent inscrits leur nom. Mais tout autour nulle arme ou dispositif guerrier. On ne voit que les instruments de l’art. Masques. Palettes. Un angle porte une lyre. Et son vis-à-vis un rectangle de pierre à graver où l’on voit nettement tracé la forme du globe, solidement installé sur son pied, que les deux anges entourent.

fig. 23 Tuileries, sommet du Pavillon Mollien (Cliché D. Colas)

fig.24. Sommet du Pavillon Mollien. Le globe terrestre et son image sur une pierre à lithographier (Cliché D. Colas)

 
 
 

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