OCT. 19 : Nous les arbres, Fondation Cartier

détail C Leonardi Nous les arbresAprès une marche de 2,4 km sous les platanes du boulevard Raspail, grand rassemblement sous le majestueux cèdre du Liban, planté par Chateaubriand, devant la fondation Cartier pour l’art Contemporain. Isabelle Gaudefroy, directrice de la programmation, nous accueille. On parle du bâtiment conçu par Jean Nouvel et du jardin de Lothar Baumgarten, introduction idéale avant de pénétrer dans l’écrin de verre qui abrite la chlorophyllesque exposition « Nous les arbres ». Temps réflexif et méditatif devant l’œuvre de thijs Biersteker et Stefano Mancuso qui rend visible en temps réel les secrets physiologiques de deux arbres, interrogeant notre rapport au sensible. Sous l’œil amusé du chat d’Agnès Varda, nous franchissons le seuil. La voix est donnée aux arbres, et à leurs ambassadeurs humains les plus passionnés, botanistes, philosophes, artistes. C’est de leur perception du monde dont il est question et de notre modeste place parmi eux. L’artiste brésilien Luiz Zerbini, qui a conçu la première salle, donne le ton, avec des toiles monumentales et le choix d’exposer plusieurs artistes sud américains qui dessinent leur attachement à la « foret-monde » qu’ils habitent. On apprend en contemplant la fresque murale de Fabrice Hyper, son projet fou et inter générationnel de transformer un champ de monoculture en foret. Le film de Raymond Depardon et Claude Nougaret nous raconte des histoires d’amour, de méfiance, de cohabitation, inter spécifiques entre des humains et un arbre porteur de sens, chargé d’affects et de croyances. Le choc esthétique des dessins du botaniste Francis Hallé est unanime, ces derniers ouvrent les portes d’un savoir scientifique rigoureux où poésie et connaissances dansent conjointement dans l’espace des 24 modèles architecturaux qu’il a théorisé. La restitution minutieuse et graphique d’espèces d’arbres urbains, par les architectes et designers italiens Cesare Leonardi et Franca Stagi se regarde à la loupe : aucun détail ne saurait être négligé ! Bref, on ne pourrait faire une liste exhaustive des compétences et des talents ici réunis pour donner la parole à ces esthètes, autotrophes, sensibles et malins, à qui nous devons le souffle. Merci à vous, les arbres.