Thierry Mayer, professeur au département d’économie vient de recevoir la prestigieuse bourse Starting Grant ERC

Thierry Mayer, professeur des Universités au département d’économie de Sciences Po vient de recevoir la prestigieuse bourse Starting Grant  ERC pour son projet de recherche – HETMAT : Heterogeneity that Matters for Welfare and Trade

Ce projet, d’une durée de cinq ans, vise à concevoir et développer de nouvelles méthodes d’évaluation des gains issus de la libéralisation commerciale, qui prennent pleinement en compte l’hétérogénéité des entreprises dans toutes ses dimensions.

Une nouvelle littérature – initiée au début des années 2000 en particulier par Marc Melitz  pour la théorie et Andrew Bernard pour les aspects empiriques – avance que, du fait de l’hétérogénéité des entreprises, l’ouverture commerciale peut être porteuse de nouveaux bénéfices. Ces gains sont provoqués par un processus de sélection : Les entreprises les plus productives sont celles qui vont bénéficier de plus grandes opportunités de ventes à l’exportation ainsi que sur le marché domestique avec la mondialisation. Dès lors, il semble qu’il faille désormais s’intéresser très précisément à ce qui se passe pour chaque entreprise, afin de bien percevoir l’ensemble des conséquences de l’ouverture.

Cependant des travaux théoriques très récents (Arkolakis et al. 2012) ont affirmé que l’introduction d’hétérogénéité dans les modèles apporte des modifications moins radicales qu’il n’y paraît au premier abord. Un nombre restreint de données agrégées pourrait suffire pour calculer les modifications du niveau de bien-être généré par la libéralisation commerciale. Plus surprenant encore, ils démontrent que cette méthode d’évaluation serait la même pour des modèles avec ou sans hétérogénéité des entreprises.

Le projet de recherche de Thierry Mayer vise à discuter et enrichir ces analyses.   Il comprend trois volets :

1 – Il vise à établir que les résultats d’Arkolakis et al. (2012) repose sur une hypothèse de distribution de l’hétérogénéité bien particulière (la distribution de Pareto) et que les résultats centraux seraient très différents avec toute autre hypothèse de distribution.

2 – Il vise à introduire, aux côtés de la productivité, le facteur « qualité » qui peut-être tout aussi important dans un contexte de concurrence accrue. Le projet visera à établir les secteurs pour lesquels le facteur productivité est déterminant et ceux pour lesquels  le facteur qualité est prépondérant.

3 – Enfin, HETMAT cherchera à démontrer qu’il est important de prendre en compte l’hétérogénéité interne à une entreprise, liée aux différents biens qu’elle produit et exporte. Pour ce faire, le projet vise à étudier comment l’évolution des ventes d’un panel d’entreprises, suivant un épisode de libéralisation commerciale (entrée dans l’OMC par exemple) se répercute sur leur niveau de productivité. L’entreprise est-elle amenée à se concentrer sur ses produits les plus performants et gagner ainsi en productivité ?

Thierry Mayer est un spécialiste du commerce international, de la géographie économique, et  des choix de localisation des multinationales. Avant de rejoindre Sciences Po en 2009, il a été Professeur des Universités à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’Ecole d’économie de Paris. En 2006, il a reçu le prix du meilleur jeune économiste de France et la médaille de bronze du CNRS. Il est membre junior de l’Institut Universitaire de France, conseiller scientifique au CEPII et Research Fellow au CEPR.

Participent au projet : Keith Head (UBC), Isabelle Méjean (Polytechnique), Philippe Martin (Sciences Po), Marc Melitz (Harvard), Gianmarco Ottaviano (LSE) et Mathias Thoenig (U. de Lausanne).