La question foncière en Afghanistan : anthropologie des normes

La question foncière en Afghanistan : anthropologie des normes
Projet de recherche conduit par Fariba Adelkhah, directrice de recherche Sciences Po au Centre d’études et de recherches internationales- CERI

L’importance de la question agraire et des conflits qu’elle provoque est largement délaissée par les études disponibles. Les problématiques en vogue privilégient les thématiques du droit en termes de «bonne gouvernance», de «transparence» ou de «droits humains». Mais, dans l’état actuel des choses, elles ne reposent pas sur des recherches empiriques de terrain. En outre, elles restent prisonnières de biais normatifs qui peinent à saisir le droit islamique ou les normes islamiques dans leur positivité, plutôt que sur le mode politique ou orientaliste d’une altérité radicale. Enfin, elles isolent les logiques du conflit militaire (ou de la recherche de la paix) des autres facteurs sociaux qui souvent débordent le cadre du seul territoire afghan.
Notre recherche entend donc réintroduire dans l’analyse du conflit afghan et de sa dimension agraire les perspectives de l’anthropologie sociale, religieuse et politique en tenant notamment compte des dynamiques suivantes :

* Les remises (remittances) financières et sociales des émigrés et des réfugiés qui constituent aujourd’hui une diaspora étroitement intégrée à la société afghane et pèsent de tout leur poids dans la question agraire ou foncière
* La réactivation d’espaces transnationaux de circulation qui articulent l’Afghanistan à son environnement régional, singulièrement au Golfe, à l’Iran et à l’Asie centrale et influent sur la formation de la valeur du foncier
* Le renouveau islamique, indissociable de l’insertion de l’Afghanistan dans son environnement régional – notamment pakistanais pour les sunnites et iranien pour les chiites – et qui met en jeu ses propres acteurs fonciers, par exemple les madrasas en tant que waqf (bien de mainmorte), très présents dans la restructuration urbaine de certains quartiers, et qui contribue à « juridiciser », donc à réguler, la question de la propriété de manière relativement autonome par rapport aux relations sociales dites coutumières ou aux relations patriarcales de genre, ce en l’absence de tout cadastre
* La combinatoire entre l’esprit d’asabiyya (qawm), l’appartenance ethnique et le sentiment national dans le cadre de l’Etat afghan, combinatoire qu’ont recomposée la guerre, l’émigration et l’intervention occidentale de 2001

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