La sous-déclaration des maladies professionnelles à l’épreuve de la silicose, par Paul-André Rosental

L’histoire de la silicose en tant que maladie professionnelle – la plus mortelle à ce jour dans l’histoire humaine – illustre de façon exemplaire les enjeux des pathologies liées au travail. L’indemnisation des victimes étant à la charge des employeurs, la reconnaissance des maladies professionnelles et leur réparation financière font l’objet, de la part des entreprises, de stratégies de minimisation qui se traduisent notamment par leur sous-enregistrement statistique massif.

La mécanisation de l’extraction du charbon et l’utilisation d’explosifs dans les mines ont fait de la silicose la « reine des maladies professionnelles » au cours du siècle dernier. Si la dangerosité du travail dans les exploitations minières est connue de longue date, les premières mesures préventives n’y apparaissent qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècles.

Le pays pionnier est ici l’Afrique du Sud, dont les mines d’or sont particulièrement périlleuses. Dès 1911, avec deux ou trois décennies d’avance sur la plupart des pays industrialisés, la législation y reconnaît officiellement la silicose comme maladie professionnelle. Cette antécédence, qui vaut aussi sur le plan de la prévention médicale, s’explique pour partie par des considérations raciales : il s’agit en priorité de protéger les mineurs blancs, qui forment aussi le cœur de la main d’œuvre qualifiée.

L’histoire de la silicose – une maladie en plein développement aujourd’hui dans les pays émergents – permet de mettre en lumière les obstacles plus généraux rencontrés par la reconnaissance et l’indemnisation des maladies professionnelles. Lire la suite

Paul-André Rosental est Professeur des Universités à Sciences Po et chercheur associé à Institut National d’Études Démographiques (INED). Voir ses publications.

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