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« Le pouvoir est dans le « repository » … ! »

Cette affirmation émane d’Emmanuel Saint-James, l’un d’un des co-auteurs de SPIP, logiciel de CMS libre, très largement utilisé en France depuis une dizaine d’années. Maître de conférence à Pierre & Marie Curie et militant Vert, Emmanuel Saint-James a accompagné le mouvement des logiciels libres depuis ses premiers pas. Mardi 12 avril, dans le cadre de la « Semaine de la Recherche » à Sciences Po, il a tenté avec l’aide de Didier Demazière, sociologue au CSO, spécialisé dans les nouvelles pratiques de travail, de cerner le fonctionnement des communautés qui permettent la maintenance et le développement des logiciels libres. Le « repository » en question est le dépôt des différentes versions de code source, auquel n’ont accès, surtout en écriture, que les quelques « happy few » des fondateurs « historiques » du logiciel.
En effet, comme nous l’ont rappelé les deux chercheurs, le libre se définit, non par la gratuité, comme on le croit souvent, mais par l’accès libre au code source du programme : cela permet, en principe, à tout utilisateur de pouvoir contribuer à l’amélioration du logiciel. Mais cette pratique est assez complexe et cache sous des apparences « anarchisantes », une organisation communautaire assez sophistiquée, car elle implique de coordonner, maintenir et développer un ensemble d’engagements très hétérogènes. Comment faire travailler ensemble et à distance, sans hiérarchie ni contractualisation, une bande de « geeks » et de militants, sans oublier les petits malins (consultants) qui comptent tirer profit des utilisateurs peu versés dans l’informatique à travers des offres de services, et ce dans un environnement de contraintes techniques fortes ? C’est le miracle du « bazar », réseau égalitaire sans hiérarchie ni contrôle, et du « chaudron magique », l’intelligence collective …;-)
Malheureusement, cela n’a pas empêché les conflits et une certaine ‘dilution’ du pouvoir, qui s’est traduite par la création d’un deuxième dépôt pour les extensions (documentation, traduction, tests, etc). Mais, comme l’a déploré E. Saint-James, le ‘coeur’ du logiciel est désormais ‘gelé’ et malgré l’ambiance « cool » et les « Apéros Spip », quelque chose s’est cassé au sein du groupe. Spip ne constitue plus aujourd’hui une bonne réponse politique aux problèmes du moment.
La discussion qui a suivi la conférence a souligné l’émergence de logiciels hybrides, adossés à des collectivités locales ou a des entreprises comme ceux qui se regroupent dans l’ADULLACT.

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