Category: Société de l’information

Hadopi 3 : quand Nicolas Sarkozy découvre le streaming …

Une des principales critiques formulée contre le dispositif Hadopi, était que la pratique du « P2P » visée par la loi, était déjà dépassée, notamment par le streaming …

C’est contre cette nouvelle forme de piratage que Nicolas Sarkozy a lancé sa dernière croisade pour défendre le droit d’auteur. « Hadopi 3 » s’attaquera au streaming, c’est ce que le Président a annoncé aux « Rencontres internationales sur la Culture, l’économie et les médias » au Forum d’Avignon, le 18 novembre dernier. Après s‘être félicité du succès d’Hadopi (le piratage aurait reculé de 35%), Nicolas Sarkozy a dénoncé cette technologie « Sur les sites de streaming, l’idéologie de partage, c’est l’idéologie de l’argent : je vole d’un côté, je vends de l’autre … ».

Mais le gouvernement n’a pas vraiment approfondi ce dossier qui présente des difficultés aussi bien juridiques que techniques, même si Éric Besson pense que « c’est une nouvelle commande très claire du Président de la République ».

L’aspect illégal du straming ne se présente pas de façon aussi claire que pour le P2P.
Utilisé par les radios en ligne et les sites de vidéos (YouTube, DailyMotion), le streaming est « une diffusion en continu d’un flux audio ou vidéo et permet la lecture d’un flux de donnée à mesure qu’il est diffusé » (Streaming – Wikipedia).
Il s’oppose au téléchargement, car il n’implique pas la récupération sur un fichier de l’ensemble des données d’un morceau ou d’un extrait vidéo.
Evidemment, des petits malins ont trouvé moyen de télécharger complètement les fichiers grâce à des logiciels appropriés …

Cependant, les méthodes employées pour contrôler les échanges sur les réseaux de P2P ne pourront pas être appliquées telles quelles au streaming. Pour combattre ces pratiques illégales, il faudrait avoir recours à des mesures qui mettraient en cause le respect de la vie privée : filtrage, DPI (Deep Packet Inspection : analyse du contenu d’un paquet réseau). Pour cela les hébergeurs devraient voir évoluer leur statut qui comportera une obligation de surveillance …
De plus, les principales plate-formes de streaming et de téléchargement direct ne sont hébergées ni en France, ni en Europe.

D’ailleurs, la Cour de justice de l’Union européenne a tranché sur ce point : « le droit de l’Union s’oppose à une injonction, prise par une juridiction nationale, d’imposer à un fournisseur d’accès à internet (FAI) la mise en place d’un système de filtrage afin de prévenir les téléchargements illégaux de fichiers. Une telle injonction ne respecte l’interdiction d’imposer à un tel prestataire une obligation générale de surveillance ni l’exigence d’assurer le juste équilibre entre, d’une part, le droit de propriété intellectuelle et, d’autre part, la liberté d’entreprise, le droit à la protection des données à caractère personnel et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations. »
Arrêt Sabam de la Cour de Justice de l’UE du 24 novembre 2011

En effet, cette injonction risquerait d’entraîner le blocage des communications à contenu licite …

En attendant, Frédéric Mitterrand, Ministre de la culture et de la communication, annonce qu’il dévoilera d’ici trois mois, différentes mesures contre les sites de streaming illégaux

Hadopi et la lutte contre le piratage numérique sont en train de devenir un des enjeux de la présidentielle et les deux principaux candidats (ou futur candidat …) s’en sont emparés.
A suivre …

Sarkozy prêt à une loi Hadopi 3 contre le streaming
par Guillaume Champeau, Numérama, 18/11/11

Hadopi et streaming : des questions techniques et juridiques se posent par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 21/11/11

Pourquoi Sarkozy fait d’Hadopi un enjeu de la présidentielle par Olivier Tesquet, Télérama, 21/11/11

Le filtrage des téléchargements imposé aux FAI est illégal par Etienne Wery, Droit & Technologies, 24/11/11

Téléchargement illégal : la justice européenne dit non au filtrage généralisé par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 24/11/11

L’Hadopi sonne la charge contre les sites de streaming et de DDL par Guillaume Champeau, Numérama, 25/11/11

Lutte contre le streaming illégal : la Hadopi a 3 mois pour formuler des mesures par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 25/11/11

Hadopi 3 – Le fail annoncé Korben, 27/11/11

François Hollande remplacera Hadopi par Hadopi par Guillaume Champeau, Numérama, 28/11/11

Lutte contre le streaming illégal : la Hadopi répond présent par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 28/11/11

Hadopi va s’attaquer au téléchargement direct et au streaming par Jacques Cheminat, Le Monde informatique, 29/11/11

Tablettes et liseuses : quels usages pour les étudiants ?

Avec son projet de tablettes à 1 euro, le Ministre Laurent Wauquiez veut introduire l’usage des tablettes dans l’enseignement supérieur. Les étudiants intéressés disposeraient ainsi de tablettes tactiles 3G+ qui leur reviendraient à 730 euros au bout de deux ans.
Deux tablettes avaient été retenues par l’opérateur Orange qui a répondu à l’appel d’offre du Ministère : l’incontournable iPad 2 d’Apple et le Galaxy Tab de Samsung.
Critiqué pour avoir favorisé des produits étrangers, le Ministère a aussi accordé son soutien à une deuxième offre, où le fabricant français Archos forme un tandem avec l’opérateur Bouygues Telecom pour une tablette avec forfait internet 3G + à 0,66 euro par jour ! Et dans ce cas, la clé 3G, facilement amovible (ce qui est impossible sur un iPad), peut aussi être utilisée sur un ordinateur portable.
Précisément, l’intérêt de la connexion 3G ne paraît pas évident non plus avec la multiplication des bornes wifi dans les universités et les lieux publics.

Mais la question fondamentale porte plutôt sur l’utilisation de ce nouvel équipement par les étudiants.
Lorsque l’on examine l’utilisation que les Français font des tablettes, ce qui ressort c’est l’usage privé et personnel (74%) de ce matériel !
On peut difficilement effectuer un travail universitaire ou autre sur une tablette et quant à la dimension nomade de ce nouveau jouet, elle se partage entre le salon (85%) et la chambre (69%) de l’utilisateur !
Les usages les plus fréquents de la tablette recouvrent, avec quelques différences (pas de téléphone GSM), les utilisations des téléphones mobiles : surfer sur l’internet, consulter l’actualité, rechercher des informations pratiques, consulter et répondre à ses mails, etc. La taille de la tablette (7 ou 10 pouces) permet de mieux profiter des vidéos, des jeux et des magazines.
Mais en ce qui concerne la lecture des livres numériques, on pourrait se demander si des « liseuses » de type Kindle (Amazon) ne seraient pas plus adaptées aux besoins des étudiants ? Elles sont, il est vrai, limitées au noir et blanc de l’encre électronique, mais si l’objectif est de faire lire les étudiants avec des terminaux mobiles, les liseuses disposent de plus d’atouts : lisibilité en plein jour tout en préservant les yeux des utilisateurs, grande sobriété de consommation énergétique, et surtout, prix beaucoup plus abordable (à partir de 100 euros) !
Bien sûr, les étudiants ne pourraient pas visionner des e-cours ni jouer à des jeux sérieux (?), mais ils auraient la possibilité de partager leurs annotations ou des signets pour retrouver les pages-clés dans une bibliographie !

Personne ne peut prédire aujourd’hui les usages qui seront faits de ces nouveaux outils. Lors de la popularisation du téléphone, certains prévoyaient que sa principale utilisation serait l’écoute d’enregistrements de musique ; cette prédiction s’est réalisée … près d’un siècle plus tard !

Des tablettes numériques à un euro par jour pour les étudiants. – Portail du Gouvernement, 05/10/11

En partenariat avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Bouygues Telecom et Archos proposent aux étudiants la première tablette avec forfait internet 3G+ à 0,66E par jour. – Communiqué de presse, Archos – Bouygues Telecom, 14/10/11

Méli, Benoît. – Comment les Français utilisent les tablettes ? – Journal du Net , 12/10/11

Maussion, Catherine. – Tablettes à 1 euro : Archos dénonce Orange. – Ecrans – Libération.fr, 04/10/11

Auffray, Christophe. – Archos et Bouygues Telecom répliquent avec une tablette à 0,66 euro par jour. ZDnet.fr, 14/10/11

Charles, Frédéric. – Et pourquoi ne pas déployer les liseuses Kindle d’Amazon en entreprise ? Green SI – ZDnet, 01/10/11

Guillaud, Hubert. – Le Lire et l’écrire : clôture, glissement et déconnexion. – La Feuille – Blogs Le Monde.fr, 15/10/11

Qui a peur des bibliothécaires en grève ? Le désamour des étudiants pour les BU des deux côtés de l’Atlantique

Sûrement pas les étudiants qui désertent de plus en plus les bibliothèques des campus d’Amérique du Nord … et de France !
C’est ce qu’explique « Annnoyed Librarian » dans le billet « If Striking Librarians Fell in the Forest … » sur le site du « Journal of Library.com ». En faisant référence à la grève menée la semaine précédente à la bibliothèque de l’University of Western Ontario (Canada), ce professionnel se pose la question de la gêne que cette manifestation pourrait occasionner, à part celle de la circulation au milieu du campus, en raison du piquet de grève …
En effet, le fait que certains services de référence ne soient pas assurés ne devrait pas perturber outre mesure les rares utilisateurs des « Reference Desk », déjà en voie de disparition dans certaines grandes BU américaines (cf le post consacré à ce sujet en juin dernier). D’autant que l’on assigne de plus en plus aux bibliothécaires des sujets sur lesquels ils/elles ne sont pas spécialisés … Aujourd’hui, on voit de plus en plus de scientifiques avoir la responsabilité d’un secteur des « Humanités » (lettres et sciences humaines), alors qu’auparavant c’était plutôt le contraire !

Mais en fait, cela n’a aucune importance, car comme l’affirme l’article « What Students don’t Know » de Steve Kolowich sur « Inside Higher Ed », les étudiants n’ont aucune idée de ce que les bibliothécaires peuvent leur apporter dans leur recherche documentaire … L’idée que les bibliothécaires sont experts sur des sujets universitaires ne leur vient même pas à l’esprit. Pour la plupart des étudiants, le personnel des bibliothèques ne sert qu’à orienter dans les différentes salles (en accès direct).

Pour analyser ces pratiques, les professionnels de cinq BU de l’Illinois, ne se sont pas contentés des enquêtes habituelles, ils ont embauché deux anthropologues sur le projet ERIAL (Ethnographic Research in Illinois Academic Libraries). Les résultats, qui seront publiés par l' »American Library Association », dépassent les plus mauvaises prédictions. Seuls 30% des étudiants interrogés sont capables de mener une recherche documentaire correcte …;-( Et le mythe des « digital natives » en prend un coup ! Ces enfants de l’internet ne savent pas plus rechercher dans Google de façon pertinente … Mais les enseignants et les bibliothécaires sont aussi responsables de cet état de fait, car ils se mettent rarement au niveau de l’étudiant pour lui enseigner les bases de la recherche documentaire.

Cette ignorance et cette méconnaissance se retrouvent de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est ce que révèle le mémoire de l’ENSSIB de Laurence Jung « Je ne travaille jamais en bibliothèque ». Enquête auprès d’étudiants non fréquentants ou faibles fréquentants. Michèle Battisti le cite dans son compte-rendu de l’Université d’été du GFII dans Paralipomènes pour évoquer l’importance de la médiation en bibliothèque.
Cette enquête sociologique analyse les représentations de la bibliothèque de ce « non public » qui représente plus de 13%% des étudiants (2006). La plupart de ceux qui fréquentent les bibliothèques les utilisent de plus en plus comme des « lieux de travail », calmes et silencieux. C’est d’ailleurs cet aspect ‘quasi religieux’ qui rebutent certains …

A l’autre bout du cursus universitaire, les chercheurs ont aussi déserté la bibliothèque physique, depuis qu’ils ont découvert la bibliothèque numérique ! L’un d’eux ignore même que c’est la BU qui gère ses abonnements en ligne !

Il est encore temps de récupérer cette désaffection, notamment en travaillant en amont avec les enseignants sur les disciplines. L’étude montre, en effet, que les variations d’utilisation des BU dépendent des sujets étudiés. Alors que les étudiants en sciences n’ont besoin de consulter aucun document jusqu’au master, les étudiants en lettres – qui sont souvent des étudiantes – sont « obligées » d’aller à la bibliothèque consulter ou emprunter des documents. Mais ceci est encore une exception française, car dans les pays anglo-saxons, les étudiants en sciences sont très tôt formés à la recherche documentaire.

EBooks : avenir du livre, fin de l’œuvre, système clos ou univers ouvert … (2e partie)

Une des questions de recherche qui est sortie du Forum du 28 juin des Ateliers de Réflexion prospective de L’ANR (Atelier Culture et médias de Digital 3.0 PRISE), s’intitulait précisément « la fin de l’œuvre » avec tout ce que cette expression implique. Car ce n’est pas l’œuvre en tant que telle qui est destinée à disparaître, mais la notion d’auteur, qui la sous-tend, et bien entendu, l’idée de droit d’auteur. Le droit d’auteur, qui ne compte qu’un peu plus de deux siècles de légitimité, repose essentiellement sur la notion d’ »œuvre ». Celle-ci se définit par un certain nombre d’attributs dont l’originalité et la mise en forme (voir « Informations pratiques : les œuvres protégées » dans les Fiches techniques de la Direction du Développement des Médias, Ministère de la Culture et de la Communication).
Les œuvres, ‘augmentées’ ou ‘étendues’, vont peu à peu perdre leurs spécificités et se fondre dans des « Commons », créatifs … ou pas. Quant à leur financement ou à la rémunération de leurs créateurs (ou plutôt ‘contributeurs’), le mécénat ou la publicité peuvent remplacer le droit d’auteur. Les chefs-d’œuvre de la Renaissance n’ont pas eu besoin du droit d’auteur pour exister….
On le voit actuellement avec les difficultés d’appliquer le droit d’auteur aux œuvres numérisées, notamment en matière de musique ou de vidéo.

C’est ce que pressentait déjà le philosophe Walter Benjamin, lorsqu’il écrivait en 1935, « L’œuvre d’art à l’époque de la reproduction mécanisée ». Le développement des technologies de reproduction a changé la perception du spectateur, qui a l’impression que l’œuvre lui est plus accessible (par exemple, pour le cinéma, il reçoit des images en permanence), alors qu’en même temps ces images lui révèlent son absence (disparition de l’’aura’). L’aura représentait l’unicité et l’originalité de l’œuvre d’art, la reproduction technique, en soulignant son absence, la révèle au spectateur moderne et lui permet de participer au fonctionnement des œuvres modernes : il n’est plus dans le recueillement, mais dans l’action.

Mais, en fait, la notion d’œuvre avait déjà perdu son unicité et son intégrité. Avec les différentes variations et interprétations, il était déjà difficile de déterminer les limites d’une œuvre musicale ou théâtrale. Seule l’œuvre littéraire, sous la forme du roman, est parvenue, à partir du XVIIe siècle, à une forme accomplie et finie, qui atteint son idéal au XIXe siècle. Comme un édifice, elle possède sa propre architecture, qui se suffit à elle-même, et se déroule suivant un plan qui va de la première page au mot « fin ».

C’est la thèse que développe Frédéric Kaplan dans « Comment le roman a transformé l’écriture savante », pour répondre aux « Cassandre » qui annoncent la fin du livre. C’est le cas de l’éditeur numérique Tim O’Reilly, qui vient de supprimer les DRM (mesures techniques de protection) de ses ebooks.
Interviewé dans Forbes : « Tim O’Reilly on Piracy, Tinkering and the Future of the Book », le père du Web 2.0, évoque, non pas la mort de l’imprimé, mais la transformation du marché du livre. Il prend l’exemple de la carte, qui s’est complètement transformée (elle disparaît en tant que telle avec le GPS). La carte imprimée n’existe presque plus et les cartes numériques contiennent des adresses et signalent les stations d’essences et les commerces des environs. Le livre n’est pas encore parvenu à ce stade. Les ‘liseuses’ ressemblent à des tablettes de pierre où l’on aurait rassemblé des photocopies de pages …

Mais bientôt les annotations des lecteurs vont devenir aussi importantes que le livre lui-même … ! C’est l’idée que James Brindle défend dans « Walter Benjamin’s aura : Open bookmarks and the future eBook » où l’on retrouve l’ »aura » chère à Walter Benjamin.
Les signets (bookmarks), placés par des lecteurs dans les livres sur leurs étagères électroniques (bookshelf), forment une aura d’un nouveau type … ;–) Or, les éditeurs n’ont pas l’air de comprendre la valeur des annotations et l’importance de pouvoir les partager. Même les notes en bas de page disparaissent et les références sont publiées séparément … !

Frédéric Kaplan prend le contrepied de ce point de vue en reprenant l’exemple de la carte. Dans « How books will become machines » (23/08/11), il se sert de l’exemple de “la mécanisation des cartes pour discuter de l’avenir du livre », en opposant « les technologies et les motivations de l’encyclopédisme avec celle du livre ». Les cartes sont devenues un « système géographique interactif », comme la plupart des outils intellectuels (tableurs), elles vont être transformées en machines.
Au contraire de l’Encyclopédie, qui est un système ouvert, la fonction du livre est d’organiser un discours dans un volume clos. Le livre se trouve aujourd’hui a un croisement : ou bien il fusionne avec le courant intellectuel et technologique dominant, au risque de perdre sa fonction structurante, ou bien il continue son chemin dans un nouveau « corps » capable de survivre dans un monde dominé par le modèle encyclopédique …

Face à « La tentation de l’encyclopédisme », « aux vertus libératrice de la pensée ouverte, réticulée, décentralisée (mais totalisante) que permettraient internet et le web », le livre électronique reprendrait l’héritage structurant du livre papier en l’organisant dans un espace fermé (les liseuses et les tablettes). Et si certaines entreprises proposent déjà de vendre des livres, chapitre par chapitre, comme des feuilletons, il serait dommage que l’usage du numérique n’ait qu’un effet décomposant au contact du réseau. « Ces formes closes, nécessaires aux démonstrations et aux narrations, ont aussi leur place dans le monde qui vient ».

Personnellement, je privilégierais les liseuses dédiées de type « Kindle » sur les tablettes multifonctions, d’abord pour des raisons physiologiques – l’encre électronique ne fatigue pas les yeux – et ensuite, parce qu’on est moins « distrait » sur ces supports que dans environnement web (messagerie, jeux, vidéo, etc..), même si les « applis » conservent l’aspect intime d’un club fermé…

EBooks : avenir du livre, fin de l’œuvre, système clos ou univers ouvert … (1ère partie)

Les ebooks et la numérisation des ouvrages annoncent-ils vraiment la fin du livre, comme on aime à le répéter depuis plus d’une décennie ?

Le « Livre du futur » (et non le futur du livre …) a figuré parmi les enjeux traités au dernier Congrès de l’IFLA à San Juan (Porto Rico). Il a été au centre d’un débat entre éditeurs, auteurs et bibliothécaires lors d’une session rapportée par Silvie Delorme, Directrice de la BU de Laval au Québec, dans son blog IFLA 2011 Laval. Comme le modèle économique de ce nouveau support n’est pas encore opérationnel, même les éditeurs (les ‘gros’ et les ‘spécialisés’) ne sont pas d’accord entre eux sur les accès simultanés. Quant aux bibliothèques, « elles devront devenir des points d’accès plutôt que des lieux de conservation » …

C’est aussi l’objet du Colloque international qui se tient les 5 et 6 septembre 2011 à Rio-de-Janeiro (Brésil) « E-Books et démocratisation de l’accès. Modèles et expériences de bibliothèques ». Le post « Évolution ou révolution » sur le site Rioscope.com.br pose la question « Comment les bibliothèques peuvent-elles continuer à jouer leur rôle traditionnel avec l’énorme augmentation de l’usage de Smartphones, iPads, Tablet-PCs et e-Readers portables? »

Ce qui ne rassure pas, par ailleurs les bibliothécaires, comme « New Jack Librarian » dans le post « Cassandra and the future of libraries without librarians » qui appréhende l’avenir de la bibliothèque sans bibliothécaires. Cette situation est surtout la conséquence des coupes sombres que subissent les BU américaines en raison des restrictions budgétaires. Les effectifs de certaines bibliothèques fondent, d’après ce post, et ce d’autant plus que certaines ne disposent pas d’une autonomie de recrutement par rapport aux universités dont elles dépendantes …

Mais la seconde raison avancée par New Jack est bien la numérisation croissante des ressources documentaires et plus particulièrement l’acquisition de « bouquets » de revues et bientôt de livres numériques, grâce à des consortiums de bibliothèques. Le travail de sélection et de gestion des collections réalisé jusqu’à présent par les bibliothécaires va bientôt être externalisé vers des sociétés comme « Proquest ».

Avec les bibliothèques numériques gérées par des tiers, la Bibliothèque universitaire risque de représenter plus un coût qu’un investissement pour ses institutions de tutelle. Les bibliothécaires doivent pouvoir répondre à ce défi, notamment à travers des services aux publics (étudiants, enseignants, chercheurs) et démontrer que leur travail incarne aussi bien les valeurs de la bibliothèque, que celles de l’enseignement et de la recherche et de la communauté universitaire.

BU américaines : vers la disparition du « Reference Desk » ?

Diamond Law Library Columbia UniversityYale Sterling LibraryBobst Library New York UniversityLe « Reference Desk », ce coeur des bibliothèques, est en train de connaître ses derniers jours aux États-Unis ! C’est un des éléments d’information que nous avons tiré du voyage d’étude qu’un groupe de la Bibliothèque de Sciences-po a effectué la semaine dernière dans les bibliothèques de New-York et Yale (voir le groupe Facebook « Voyage professionnel New York Libraries »).
En effet, à l’exception de la bibliothèque de droit de Columbia (Diamond Law Library) où le travail des ‘Reference librarians’ est encore très important en raison de la diversité et la complexité des sources aussi bien imprimées qu’électroniques, dans toutes les BU visitées, les professionnels on mis ou s’apprêtent à mettre en place de nouveaux services plus adaptés aux usages actuels des étudiants et des chercheurs.
C’est déjà le cas pour le Digital Social Science Center à Columbia qui met à la disposition des usagers de nombreuses bases de données factuelles (statistiques, géographiques, audiovisuelles) + tous les outils logiciels nécessaires pour utiliser, gérer et créer les produits (dataset) et graphiques obtenus. Dans cet environnement, les étudiants peuvent travailler individuellement ou en groupe et peuvent compter sur les conseils de l’équipe de bibliothécaires et d’experts.
A Yale, la Social Science Library va fusionner en partie avec la bibliothèque de sciences pour mettre en place le Statlab . Ce centre d’information statistique, fournit outre les bases de données et les outils logiciels, des conseils d’experts. Même aux États-Unis, les bibliothécaires ne sont pas encore formés à ce genre de pratique et ils sont secondés par une équipe de consultants qui forment et conseillent les étudiants.
Même schéma à la New York University Library où les départements de sciences sociales et des sciences dures collaborent pour gérer le Data Service Studio.

Évidemment, les renseignements aussi bien pratiques que bibliographiques se dématérialisent aussi. Outre les services de Questions-Réponses en ligne comme « QuestionPoint » de l’OCLC, les bibliothécaires se sont mises au « chat » (Messagerie instantanée) et aux SMS (voir la page « Ask a librarian » à la NYU Library) pour communiquer avec les étudiants …! C’est plus cool !A La New York Public Library, ce sont les bibliothécaires qui deviennent mobiles, et armé(e)s d’un IPad vont à la rencontre des utilisateurs !

Les nouvelles tendances de l’organisation des connaissances : thème du colloque de l’ISKO

« Stabilité et dynamisme dans l’organisation des connaissances », c’est le thème du 8e Colloque de l’International Society for Knowledge Organization (ISKO) qui se tiendra les 27-28 à l’Université Charles-de-Gaulle Lille 3.
Le débat portera autant sur l’évolution des langages contrôlés à l’ère du ‘web sémantique’ et sur les mutations dans les pratiques professionnelles (pratiques collaboratives, transformation des formes documentaires, dématérialisation, nouvelles formes éditoriales et nouveaux modes de représentation et de circulation de l’information et des connaissances) que des nouvelles pratiques des usagers et des usages de nouveau outils de classification et de catégorisation (folksonomies).

Après le Conseil national du numérique, l’e-G8 : vers la privatisation du numérique ?

Cela avait commencé fin avril avec la création du Conseil National du Numérique : dans cette instance, censée conseiller le gouvernement sur le développement du numérique en France, on compte très peu de représentants de la société civile : ce sont essentiellement des chefs d’entreprises, représentants de multinationales des télécoms ou de l’édition (Orange, Bouygues, SFR, Alcatel, FNAC) ou grosses start-ups (DailyMotion, Illiad/Free, Meetic). Seul le « data-journaliste » d’Owni représente la presse en ligne.

Avec le e-G8, qui se tient actuellement à Paris (24-25 mai) Nicolas Sarkozy a voulu gravir un échelon : ce n’est plus seulement l’économie numérique française qui est invitée, mais les capitaines d’industrie de la Toile, les patrons de FaceBook, eBay, Google, Amazon se retrouvent dans ce Forum pour préparer le G8 de Deauville deux jours plus tard …
Là aussi, très peu de représentants de la société civile, exceptés Jimmy Wales (Wikipedia) et Lawrence Lessig (Creative Commons) qui défendent le libre accès, même la CNIL n’était pas invitée …;-(

La réaction ne s’est pas faite attendre : dès le premier jour des représentants de la société civile ont publié une déclaration sur la « Quadrature du Net » et ont aussitôt tenu leur propre conférence de presse au coeur du Forum …

Évidemment, pendant le Forum, deux visions se sont affrontées sur la question des droits de la propriété intellectuelle et de l’économie de la création sur internet … Les représentants de l’industrie culturelle sollicitent l’intervention des gouvernements si des accords volontaires n’étaient pas obtenus pour la protection de la propriété intellectuelle …. Cette vision de l' »internet responsable », régulé n’était pas du goût de John Perry Barlow, co-fondateur de l' »Electronic Frontier Foundation » …. Selon lui, il avait l’impression de ne pas venir de la même planète ! En tant qu’artiste, il n’a jamais vu les milliards de dollars, cités par les autres intervenants, générés par l’industrie de la création, même si les créateurs peuvent bien gagner leur vie sans toucher les dividendes de la propriété intellectuelle !

Droit d’auteur et internet : toujours des dissensions. Génération Nouvelles Technologies, 25/05/11

e-G8 : que faut-il en attendre ? par Philippe Leroy, ZDNet, 23/05/11

eG8 : la vie privée au programme des débats, mais sans la CNIL !. Numérama, 24/05/11

e-G8, le gros coup de colère de la société civile. Numérama, 25/05/11

«Forum eG8» : Les gouvernements et entreprises unis pour contrôler le Net. Quadrature du Net, 24/05/11

Grand retour des générations. La GenY d’un côté, la Gen4 lancée par Maurice Levy pour le eG8. Si, si ! Meilcourt, 23/05/11

Sarkozy expulse les libertés de son « internet civilisé » Bug Brother, 21/05/11

Quels modèles de propriété intellectuelle pour les univers virtuels ?

C’est la question que posait la conférence de i-expo « Propriété de l’information : vers de nouveaux modèles juridiques ? » organisée par l’ADIJ, le 18 mai dernier. Les règles actuelles du droit d’auteur sont bousculées en effet par les pratiques des technologies numériques et de nouveaux modèles juridiques restent à inventer.
Le modérateur Alain Bensoussan, avocat à la Cour d’appel de Paris, a comparé la situation actuelle avec celle des années 1900 lorsque l’on déplorait le vol d’électricité. On pouvait constater l’existence de fraudeurs et de personnes dépossédées, mais comment prouver l’existence d’une ‘propriété virtuelle’ ? Il existe des valeurs virtuelles avec destruction des valeurs réelles. Il existe, en effet deux combats, l’un pour la propriété positive (contrats) et le second pour la propriété « négative » (contrefaçon, atteinte aux personnes, vol). Jusqu’à présent, la Cour de Cassation refuse de reconnaître un vol d’information s’il n’y a pas de support matériel … Existe-t-il une propriété virtuelle ? Non, pas en l’état actuel. Existe-t-il des solutions ? Peut-être ou sûrement …
Si la plupart des intervenants (Yves Leroux, Consultant CA Technologie, Laurent Berard-Quélin, Directeur général délégué de la Société Générale de Presse, président de la Commission des médias électroniques, FNPS et Xavier Dalloz, Président, Xavier Dalloz Consulting) ont défendu l’idée d’une propriété intellectuelle virtuelle, seul Georges Chatillon, Directeur du Master Droit de l’internet, Maître de Conférences, Ecole de Droit de la Sorbonne, a reconnu dans l’information et les oeuvres de l’esprit un « Bien commun de l’humanité », à protéger, non pas avec des contrats commerciaux mais avec le « Creative Commons ». Y. Leroux a développé ses arguments pour les jeux vidéo et en ligne, nous citant des cas faramineux d’arnaque et de vols de milliards de crédits (Runscape, Zinga, Affaire Playstation, victime d’une attaque pirate). L. Bérard-Quélin a défendu la presse et l’édition en ligne, arguant de la complexification et de l’accélération du métier (le scoop journalistique est passé avec Twitter, d’une journée à une minute…) Il a aussi réfuté l’idée que le numérique coûte moins cher que le papier, car il y a des investissements lourds et une inflation des coûts avec la multiplication des supports numériques (Ipad). On est passé d’une économie de stock à une économie de flux. Xavier Dalloz, quant à lui, s’est attaqué au rôle-clé des données, en prédisant qu’avec 50 milliards d’objets connectés en 2050, on allait assister à une production immense de données interactives. On entre enfin dans une logique de réseaux collaborative et communautaire, avec un point de passage important : l’accès. On ne dit plus « ça m’appartient » mais « j’appartiens à » (communauté). On parvient à la construction de la confiance avec un « tiers de confiance » dans l’économie systémique en réseau. La notion de propriété n’a plus de sens aujourd’hui, pas plus que celle de vie privée … On est en train d’aller vers une médiation basée sur l’abonnement, avec l’émergence du concept de monnaie privative ou attributive, vers un internet transactionnel.
La discussion a porté sur le droit à l’oubli vs le ‘devoir de mémoire’, le droit d’accès et le droit d’abonnement qui fait des internautes des « co-propriétaires » de l’information et des réseaux sociaux qui représentent soit un nouvel esclavage, soit l’instrument de la libération des peuples (printemps arabe) ….

Blogs ou médias sociaux, que choisir ?

On a un peu vite enterré les blogs au profit des nouveaux acteurs de la toile que sont les médias sociaux. C’est ce qu’affirment Loïc Le Meur dans ses vidéos sur YouTube « Votre entreprise sur les médias sociaux » et aussi Julien Bonnel, qui le rapporte dans son post du 27 avril « Les blogs ne sont pas morts à l’ère des médias sociaux ». Il reprend les arguments de L. Le Meur (les blogs sont des points de rassemblement de communautés, ils permettent de développer beaucoup mieux une argumentation qu’avec les 140 caractères de Twitter ou les quelques lignes de FaceBook, le contenu d’un blog peut aussi se partager sur les réseaux sociaux) et en ajoute d’autres : le contenu d’un blog est beaucoup plus viral, il peut être archivé et est facilement accessible…
Mais il reconnait aussi les contraintes de rédaction et de temps qu’implique la tenue régulière d’un blog.
En fait, ce que souligne surtout Loïc Le Meur dans ses vidéos, c’est l’importance prise par les réseaux sociaux aujourd’hui. Pour une entreprise ou une institution, FaceBook, Twitter, YouTube ou Viadeo sont incontournables pour être présent sur la Toile. Toute organisation doit désormais penser sa communication en tenant compte de ces nouveaux médias. Blogs et réseaux sociaux ne s’opposent pas sur l’Internet, ils sont complémentaires.
C’est d’ailleurs grâce à la page FaceBook de Bibliobsession où j’ai trouvé ces informations que je vous communique sur ce blog ….;-)

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