La face concrète de l’innovation numérique : les « Fab Labs »

Depuis quelques semaines, les « Fab Labs » sont à l’honneur : le 20 mars 2012, la Fing y a consacré un de ses « Carrefour du possible » ; le projet « Fab Lab Squared » a été retenu dans le cadre de l’appel à projets « Prototypes Technologiques », lancé par la région Ile de France et Cap Digital et le Centre Pompidou a prévu une conférence à l’RI (Institut de Recherche et d’innovation) le 20 juin dans la cadre de « Futur en Seine » (14-24 juin 2012), mais les Fab Labs se retrouvent aussi dans l’exposition « Multiversités créatives » qui aborde le côté créatif de l’innovation (du 3 mai au 6 août 2012).

Mais, qu’est-ce donc qu’un Fab Lab ? Le « Fab Lab » – abréviation de « Fabrication Laboratory » – est une plate-forme ouverte de création et de prototypage d’objets physiques, « intelligents » ou non. Il s’adresse aux entrepreneurs (ou aux bricoleurs) qui veulent passer plus vite du concept au prototype… (FING)
Initié en 2004 par le MIT, le réseau des Fab labs ne cesse de se développer. Dans ces ateliers postmodernes, différentes machines (découpes laser, fraiseuses, imprimantes 3D) sont contrôlées par des logiciels de conception et de fabrication assistés par ordinateurs et permettent de fabriquer rapidement des prototypes …

On trouve des Fab labs, aussi bien dans les centres de recherche du Nord que dans les pays du Sud où l’innovation comble le retard industriel. C’est le cas, notamment du « LED Project » de « Fairtrade Electronic », une ONG qui a coordonne la fabrication de diodes électroluminescentes (LED) « open source » dans une processus de commerce équitable, qui s’appuie sur des pratiques et des philosophies de production émergentes dites “industrie de proximité” dans des pays comme la Mauritanie.

Des Fab Labs, ouverts à tous, se sont aussi créés dans des centres de recherches ou des universités, comme le « Fac Lab » de Gennevilliers au sein de l’Université de Cergy-Pontoise. « Le FacLab est une communauté de personnes d’horizons très divers : designers, artistes, ingénieurs, artisans, étudiants, chercheurs, enseignants, citoyens, enfants, … réunis par l’envie de matérialiser une idée. »
C’est aussi un lieu d’innovation pédagogique, qui décloisonne les filières traditionnelles et propose des formations axées sur la fabrication numérique.

A l’autre bout de la « société de la connaissance », « La Paillasse« , laboratoire de passionnés en biologie (étudiants, chercheurs et amateurs), est un espace « DIY Bio-Hackerspace », qui s’essaie à de nouvelles approches, ouvertes et contradictoires de la biologie, comme le « DNA barcoding », dont « le but sera d’utiliser les techniques de base de Biologie Moléculaire pour identifier les micro-organismes, les espèces végétales et les animaux qui nous entourent. On tentera même de la detection d’OGM !  »

Ces pratiques de « science citoyenne » comme la fabrication numérique, redessinent les frontières de la propriété intellectuelle, de l’économie participative, de la relocalisation des savoir-faire et des outils de production.

De nouveaux modèles économiques s’esquissent à la croisée des compétences, du savoir, de la matière et de l’immatériel.

Carte d’identité : la biométrie s’impose avec une base de données centrale …

Le 6 mars, l’Assemblée nationale a définitivement adopté la Proposition de loi relative à la protection de l’identité. La nouvelle carte d’identité numérique comprend comme le passeport, des données biométriques (taille, couleur des yeux, deux empreintes digitales et une photo).
Ces données personnelles seront conservées dans un fichier central, le TES (Titres électroniques sécurisés, ou « fichier des gens honnêtes »).
La proposition de loi prévoit aussi l’exploitation des empreintes digitales à des fins de police judiciaire, notamment dans le cadre de recherche sur l’usurpation d’identité.

La CNIL avait déjà réagi en octobre 2011, en publiant une Note d’observations concernant la proposition de loi relative à la protection de l’identité. Elle rappelle que « les données biométriques ne sont pas des données à caractère personnel comme les autres » : la donnée biométrique n’est pas « attribuée par un tiers ou par la personne elle-même, elle est produite par le corps lui-même ». Certaines données « à trace » comme les empreintes digitales, peuvent même être capturées à l’insu de la personne …

Mais si la Commission trouve légitime ces dispositifs de reconnaissance biométrique, du moment que les données sont conservées sur un support individuel, détenu par la personne elle-même, en revanche, la position de la CNIL est très claire sur la mise en place d’un fichier central biométrique : « si légitimes soient-elles, les finalités invoquées ne justifiaient pas la conservation, au plan national, de données biométriques telles que les empreintes digitales et que les traitements ainsi mis en oeuvre seraient de nature à porter une atteinte excessive à la liberté individuelle. »

Les dimensions importantes de cette base de données centralisée multiplie les risques et impliquent une sécurisation technique complexe. La Commission propose des mesures alternatives de lutte contre la fraude qui sont tout aussi efficaces, tout en étant respectueuses de la vie privée des personnes : sécurisation des documents « sources » pour produire les titres d’identité, vérification des données d’état civil, etc. Elle préconise aussi l' »absence de lien univoque » entre les données biométriques du fichier central et les données d’état civil des personnes auxquelles elles correspondent.

Une autre puce RFID, optionnelle celle-ci, est prévue pour une authentification à distance dans le cadre de démarches administrative ou de e-commerce. La encore, la CNIL trouve cette préoccupation légitime, contrairement à Jean-Claude Vitran de la Ligue des Droit de l’homme « Une carte d’identité n’est pas un moyen de paiement », mais elle met en garde contre les dangers de « traçage » des individus : « de telles fonctions électroniques appellent des garanties particulières, dans la mesure où elles pourraient permettre la constitution d’un identifiant unique pour tous les citoyens français ainsi que la constitution d’un savoir public sur les agissements privés. » La Commission estime que de telles fonctionnalités doivent s’accompagner de « mécanismes dits de divulgation partielle ou sélective », c’est-à-dire que seules les données nécessaires aux transactions seront communiquées.

Le risque avec les puces RFID, c’est qu’elles peuvent fonctionner « sans contact », donc à distance, et qu’elles pourraient ainsi être piratées …
D’après Owni, le Ministère de l’intérieur à récemment reconnu que 10% des passeports biométriques en circulation seraient des faux !
Dans ces conditions, on se demande à quoi peuvent servir toutes ces mesures de « sécurisation » ….


Contestée, la carte d’identité biométrique a été définitivement adoptée
par Laurent Borredon, Le Monde, 07/03/12

L’Assemblée nationale a voté le fichage intégral de la population française
par Pierre Piazza, Maître de Conférences en Science politique à l’Université de Cergy-Pontoise, Le Monde, 06/03/12

Carte d’identité : déjà en haut de la fiche
Libération, 18/02/12

Le fichage « d’honnêtes gens » adopté par l’Assemblée nationale
par Hélène Puel, O1Net, 02/02/12

Fichier central des « gens honnêtes » : l’Assemblée vote oui
ZDNet, 03/02/12

Fichez les tous !
par Jean-Marc Manach, Owni, 01/02/12

Le fichier des « gens honnêtes » repasse à l’Assemblée
Bug Brother, Blogs Le Monde, 13/12/11

La future carte d’identité biométrique : entre fichage généralisé et business juteux
par Agnès Rousseaux, Basta !, 12/12/11

La nouvelle carte d’identité biométrique pour 2012
Protégez-vos données.fr, 12/07/11

Quand Amazon s’improvise en bibliothèque de prêt …

by cortesy Amazon.com

Parmi les « silences » d’Online 2011(*), Michel Vajou (GFII) a recensé celui de la « stratégie des grands acteurs BtoC de l’économie numériques », plus clairement l’absence sur le salon du trio incontournable des multinationales du web : Amazon, Apple, Google …

Or quelques semaines auparavant, Amazon venait de lancer un nouveau service avec le libraire en ligne OverDrive : le prêt de livres électroniques pour les propriétaires de Kindle aux Etats-Unis. Les clients d’AmazonPremium peuvent désormais emprunter gratuitement un e-book par mois pour le lire sur leur Kindle.
Cette décision n’a pas manqué de rallumer le conflit entre éditeurs et distributeurs avec les bibliothécaires pris(es) en étau … !
Nathalie Hideg y consacre un billet très complet sur le site InaGlobal

Les éditeurs n’ont en effet pas encore arrêté de modèle économique pour le livre numérique et encore moins en matière de prêt … D’où la réaction de Penguin Group qui a retiré tous ses titres numériques des bibliothèques britanniques pour protéger le droit d’auteur ! Le groupe d’édition est revenu sur sa décision quelques jours plus tard, en établissant un « embargo » pour les titres les plus récents … Quand aux grands éditeurs américains (les « Big Six ») ils ne veulent pas tomber dans le même piège qui a lié l’industrie musicale à des distributeurs en ligne comme iTunes d’Apple et veulent pouvoir contrôler les prix et les conditions de prêt des e-books dans les bibliothèques (avec parfois des conditions draconiennes comme le rachat d’un titre après 26 prêts.. ;-() .
Cela va peut-être les amener à plus collaborer avec les bibliothèques, qui représentent malgré tout un marché important, surtout en acquisitions de livres électroniques, qui ont presque triplé en un an !

Certaines initiatives, comme Bilbary veulent promouvoir la vente et le prêt de e-books dans une boutique en ligne en « concentrant le savoir faire du libraire et du bibliothécaire » pour le plus grand bonheur des consommateurs ! Le fondateur de cette start-up, Tim Coates est en négociation finale avec cinq des « big six » pour mettre en ligne 300 à 400 000 titres (50/50 % scientifiques et commerciaux) avec des bibliothécaires prêts à répondre aux questions des lecteurs … Les éditeurs ne seront pas oubliés et toucheront 80% des revenus, les droits de prêt s’élevant à 25% du prix recommandé des livres pour un emprunt de 20 jours.

Le problème avec ce genre d’hybridation entre bibliothèque et librairie, c’est que le lecteur ne sait plus dans quel espace il évolue. Comme le souligne Silvae dans son dernier post , il faudra « non seulement se plier au prêt numérique (donc à des DRM chronodégradables à grande échelle) et en plus accepter qu’un tiers comme Amazon se positionne à ses conditions entre les éditeurs et les bibliothèques ». De plus, reprenant le témoignage d’un bibliothécaire américain « volontaire » pour cette expérience paru dans librarian.net, et traduit dans le billet de Marlene’s Corner « Quand l’ebook est rendu, il ne s’évapore pas purement et simplement. Le titre, la couverture etc restent visibles sur mon Kindle, exactement comme si l’ebook était toujours disponible[…]et un juste bouton, qui ne nous propose pas de renouveler [le prêt]. La seule possibilité est d’acheter l’ebook chez Amazon.[…] » Le lecteur (re)devient un client pour l’hypermarché en ligne qui continue à le bombarder de spam sur son mail et son Kindle …

Amazon ouvre encore le débat sur le prêt de livres numériques par Nathalie Hideg, InaGlobal, 23/12/11

Livres numériques : 2012 une année charnière Bibliobsession, 02/01/12

Prêt d’e-books : ça ressemble à un prêtMarlene’s Corner, 16/11/11

The Kindle lending experience from a patron’s perspective “a wolf in a book’s clothing”, Librarian.net, 15/11/11

Kindle library lending goes live, by Andrew Albanese, Publishers Weekly, 21/09/11

Kindle Owners Public Library Amazon.com

Penguin withholds new e-books from UK library suppliers by Charlotte Williams, The Bookseller.com, 24/11/11

Coates to launch Bilbary e-books site by Benedicte Page, The Bookseller.com, 02/12/11

(*) « Synthèse des tendances du Salon Online Information de Londres 2011″ Disponible sur le réseau AMICO pour les abonnés

Bonne année !


Prospectibles souhaite à tous ses lecteurs une excellente année 2012 !

Les métadonnées … Une preuve de confiance pour le numérique !

« Les métadonnées sont un ensemble de données structurées décrivant des ressources physiques ou numériques. Elles sont un maillon essentiel pour le partage de l’information et l’interopérabilité des ressources électroniques. »
Dans cette définition, tirée du « Dublin Core » simplifié et proposée par l’INIST , on remarque l’importance de l’aspect structuré de ces données pour la recherche et le partage de l’information.
Et pourtant ces métadonnées, si précieuses, sont aussi vieilles que le traitement de l’information et on les trouve avec les premières bibliothèques !

La question de la confiance, c’est un des intervenants aux « Entretiens du nouveau monde industriel » (portant cette année sur la confiance et le crédit) qui l’a posée en introduisant le « Carrefour des possibles » au Centre Pompidou le 19 décembre dernier : sur le web, un document qui se présente « nu », sans métadonnées, n’inspire pas confiance. Ce sont les métadonnées, qui, en le qualifiant, en lui donnant un contexte, le socialisent d’une certaine façon et lui permettent de gagner notre confiance …!

Les métadonnées ont aussi été à l’honneur lors des « Retours » des voyages d’étude du GFII, aussi bien pour la foire de Francfort que pour le salon Online de Londres
Ruth Martinez et Michel Vajou ont souligné l’importance de cette notion dans ces manifestations. Elle est devenue un des « buzzwords » de l’année 2011 !
La gestion des données est devenue une priorité stratégique pour les livres numériques : les titres avec des métadonnées complètes connaissent des ventes à 70% plus importantes ! Et cela a un impact sur le classement du site de l’éditeur sur Google …
Des entreprises se spécialisent dans l’enrichissement des contenus, comme TEMIS et on assiste au transfert de fonctions comme le catalogage, l’indexation ou la description, des bibliothèques vers l’édition.
Avec des métadonnées sémantiques, les contenus deviennent attractifs et on les retrouve plus facilement dans les moteurs de recherche et grâce à des pages thématiques … et ils peuvent servir à des publicités contextuelles !
La production éditoriale se tourne de plus en plus vers la catégorisation et le taggage automatique.

Mais là où les métadonnées deviennent un enjeu important dans l’industrie de l’information, c’est dans la corrélation qui existe avec les méthode du « Discovery ». Dans cette nouvelle manière d’explorer les informations, grâce à des graphiques et des cartographies, la métadonnée devient multi-dimensionnelle et dépasse la simple dimension bibliographique. Les métadonnées deviennent le pivot des logiques de navigation : on accède ainsi à un degré de granularité de l’information et le document traité peut être « éclaté » en plusieurs « nano-publications ». On peut ensuite proposer ces contenus sous plusieurs déclinaisons …

Avant que des robots n’annexe ces précieux outils, les professionnels de l’information ont encore quelques cartes à jouer, aussi bien en amont (indexation) qu’en aval (recherche documentaire) dans la construction du web sémantique !

Les « Retours » des voyages d’étude de Francfort et de Londres du GFII ont été très bien résumés dans les comptes-rendus de Michèle Battisti dans Paralipomènes :
Online Information 2011 ou le pouls du marché de l’information professionnelle
Édition scientifique et professionnelle tendances

Open data : la plate-forme gouvernementale est en ligne

Data.gouv.fr, la plate-forme française d’ouverture des données publiques (Open data) a été mise en ligne aujourd’hui (5 décembre 2011).
Les 500 ensembles prévus ont été répartis en 352 000 jeux de données publiques (division des statistiques de l’INSEE sur les 36 000 communes) à partir de 90 producteurs (essentiellement des ministères et des collectivités territoriales : budget, agriculture, environnement, assurance maladie, etc..).

La plate-forme est essentiellement moteur de recherche (recherche simple et recherche avancé) avec quelques suggestions de recherches.

Cette plate-forme a été mise en œuvre par etalab.gouv.fr, la Mission, sous l’autorité du Premier Ministre chargée de l’ouverture des données publiques. L’un des engagements forts d’Etalab était de proposer les données dans un format ouvert et réutilisable : la mission a pour cela publiée une « Licence Ouverte / Open Licence » en octobre 2011 qui facilite la réutilisation des données publiques mises à disposition gratuitement.

La plupart des données proposées étaient déjà accessibles, notamment sur les sites des ministères, mais un nombre important de jeux de données ont été améliorés, grâce à un effort de reformatage, ce qui fait que des données auparavant simplement consultables peuvent à présent être réutilisées.

Seule ombre au tableau de cette initiative d’ouverture : si la gratuité et l’absence de barrière juridique sont bien présentes, au niveau des formats, la plate-forme utilise encore des formats propriétaires, notamment ceux de Microsoft comme Excel, très peu sont en csv (comma-separated values) : format informatique ouvert représentant des données tabulaires sous forme de valeurs séparées par des virgules. (Wikipedia).

Mais, comme le souligne le site « Regards citoyens », l’ouverture de cette plate-forme n’est qu’une première étape : « si de nombreuses données pourraient encore être intégrées, cela ne sera possible que si un maximum de citoyens, d’associations, de journalistes, d’entreprises et d’universitaires s’emparent des données déjà existantes. ».

Data.gouv.fr

OpenData : La moyenne pour un data.gouv.fr sous formats propriétaires
Regards citoyens, 04/12/11

Data.gouv.fr : la France ouvre son portail de partage de données publiques
ZDNet.fr, 05/12/11

Data.gouv.fr : la plate-forme d’open data française est en ligne
Regards sur le numérique, par Arthur Jauffret, 05/12/11

France : data.gouv.fr, les données publiques en accès libre sur le web
RFI.fr , 05/12/11

Hadopi 3 : quand Nicolas Sarkozy découvre le streaming …

Une des principales critiques formulée contre le dispositif Hadopi, était que la pratique du « P2P » visée par la loi, était déjà dépassée, notamment par le streaming …

C’est contre cette nouvelle forme de piratage que Nicolas Sarkozy a lancé sa dernière croisade pour défendre le droit d’auteur. « Hadopi 3 » s’attaquera au streaming, c’est ce que le Président a annoncé aux « Rencontres internationales sur la Culture, l’économie et les médias » au Forum d’Avignon, le 18 novembre dernier. Après s‘être félicité du succès d’Hadopi (le piratage aurait reculé de 35%), Nicolas Sarkozy a dénoncé cette technologie « Sur les sites de streaming, l’idéologie de partage, c’est l’idéologie de l’argent : je vole d’un côté, je vends de l’autre … ».

Mais le gouvernement n’a pas vraiment approfondi ce dossier qui présente des difficultés aussi bien juridiques que techniques, même si Éric Besson pense que « c’est une nouvelle commande très claire du Président de la République ».

L’aspect illégal du straming ne se présente pas de façon aussi claire que pour le P2P.
Utilisé par les radios en ligne et les sites de vidéos (YouTube, DailyMotion), le streaming est « une diffusion en continu d’un flux audio ou vidéo et permet la lecture d’un flux de donnée à mesure qu’il est diffusé » (Streaming – Wikipedia).
Il s’oppose au téléchargement, car il n’implique pas la récupération sur un fichier de l’ensemble des données d’un morceau ou d’un extrait vidéo.
Evidemment, des petits malins ont trouvé moyen de télécharger complètement les fichiers grâce à des logiciels appropriés …

Cependant, les méthodes employées pour contrôler les échanges sur les réseaux de P2P ne pourront pas être appliquées telles quelles au streaming. Pour combattre ces pratiques illégales, il faudrait avoir recours à des mesures qui mettraient en cause le respect de la vie privée : filtrage, DPI (Deep Packet Inspection : analyse du contenu d’un paquet réseau). Pour cela les hébergeurs devraient voir évoluer leur statut qui comportera une obligation de surveillance …
De plus, les principales plate-formes de streaming et de téléchargement direct ne sont hébergées ni en France, ni en Europe.

D’ailleurs, la Cour de justice de l’Union européenne a tranché sur ce point : « le droit de l’Union s’oppose à une injonction, prise par une juridiction nationale, d’imposer à un fournisseur d’accès à internet (FAI) la mise en place d’un système de filtrage afin de prévenir les téléchargements illégaux de fichiers. Une telle injonction ne respecte l’interdiction d’imposer à un tel prestataire une obligation générale de surveillance ni l’exigence d’assurer le juste équilibre entre, d’une part, le droit de propriété intellectuelle et, d’autre part, la liberté d’entreprise, le droit à la protection des données à caractère personnel et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations. »
Arrêt Sabam de la Cour de Justice de l’UE du 24 novembre 2011

En effet, cette injonction risquerait d’entraîner le blocage des communications à contenu licite …

En attendant, Frédéric Mitterrand, Ministre de la culture et de la communication, annonce qu’il dévoilera d’ici trois mois, différentes mesures contre les sites de streaming illégaux

Hadopi et la lutte contre le piratage numérique sont en train de devenir un des enjeux de la présidentielle et les deux principaux candidats (ou futur candidat …) s’en sont emparés.
A suivre …

Sarkozy prêt à une loi Hadopi 3 contre le streaming
par Guillaume Champeau, Numérama, 18/11/11

Hadopi et streaming : des questions techniques et juridiques se posent par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 21/11/11

Pourquoi Sarkozy fait d’Hadopi un enjeu de la présidentielle par Olivier Tesquet, Télérama, 21/11/11

Le filtrage des téléchargements imposé aux FAI est illégal par Etienne Wery, Droit & Technologies, 24/11/11

Téléchargement illégal : la justice européenne dit non au filtrage généralisé par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 24/11/11

L’Hadopi sonne la charge contre les sites de streaming et de DDL par Guillaume Champeau, Numérama, 25/11/11

Lutte contre le streaming illégal : la Hadopi a 3 mois pour formuler des mesures par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 25/11/11

Hadopi 3 – Le fail annoncé Korben, 27/11/11

François Hollande remplacera Hadopi par Hadopi par Guillaume Champeau, Numérama, 28/11/11

Lutte contre le streaming illégal : la Hadopi répond présent par Christophe Auffray, ZDNet.fr, 28/11/11

Hadopi va s’attaquer au téléchargement direct et au streaming par Jacques Cheminat, Le Monde informatique, 29/11/11

Projet Istex : Une plateforme de ressources documentaires en ligne via des licences nationales

Porté par l’Université de Lorraine pour l’ensemble des universités, le projet ISTEX (Initiative en Information Scientifique et Technique) a été retenu dans le cadre du programme des « investissements d’avenir ».
Associant la CPU, le consortium COUPERIN, L’INIST et l’ABES, ce projet financé à hauteur de 67 millions d’euro vise à

· donner accès à un corpus de ressources documentaires acquises dans le cadre d’un programme volontariste d’achat de licences nationales,

· agréger ces ressources au sein d’une plateforme nationale accessible à tous les établissements, permettre la personnalisation en fonction des thématiques de formation et de recherche de chacun : chaque Idex (Initiative d’excellence) pourra ainsi se confectionner un portail spécifique, à partir du portail national accessible à tous,

· héberger sur le territoire des contenus scientifiques numériques dans le but d’offrir à la communauté d’enseignement supérieur et de recherche des services à forte valeur ajoutée

L’accès à la plateforme ne sera pas limitée aux établissements membres d’un projet d’Idex, mais à toutes les universités. Comme le souligne la « Lettre de la CPU » du 27 octobre 2011, ce « portail d’exploitation sophistiqué [..] constitue la vraie valeur ajoutée et rend le projet très compétitif au plan international ».

Michel Vajou, dans la « Dépêche du GFII » du 7 novembre se demande si ce programme d’investissement d’avenir va permettre l’émergence d’une « Agence nationale de l’Information scientifique et technique » qui jouerait en France le rôle du JISC (Joint Information System Comitee) au Royume Uni. Outre l’accès au réseau Janet (équivalent de Renater), cet organisme met à la disposition des établissements d’enseignement supérieur et de recherche des ressources documentaires numériques et une expertise à travers des services de spécialistes.
Dans l’analyse de la Dépêche, Michel Vajou essaie aussi de prévoir comment vont s’articuler les missions des différents acteurs fédérés dans ce projet : CPU, ABES, Couperin et INIST-CNRS.


Le projet ISTEX : mutualiser l’accès à la connaissance
CPU Infos, Lettre du 27/10/11

ISTEX : des licences nationales pour les ressources numériques par Christelle di Pietro, ENSSIBrèves, 07/11/11

ISTEX : Vers une plate-forme nationale d’accès à l’information scientifique et technique ? par Michel Vajou, La Dépêche du GFII, 07/11/11

Tablettes et liseuses : quels usages pour les étudiants ?

Avec son projet de tablettes à 1 euro, le Ministre Laurent Wauquiez veut introduire l’usage des tablettes dans l’enseignement supérieur. Les étudiants intéressés disposeraient ainsi de tablettes tactiles 3G+ qui leur reviendraient à 730 euros au bout de deux ans.
Deux tablettes avaient été retenues par l’opérateur Orange qui a répondu à l’appel d’offre du Ministère : l’incontournable iPad 2 d’Apple et le Galaxy Tab de Samsung.
Critiqué pour avoir favorisé des produits étrangers, le Ministère a aussi accordé son soutien à une deuxième offre, où le fabricant français Archos forme un tandem avec l’opérateur Bouygues Telecom pour une tablette avec forfait internet 3G + à 0,66 euro par jour ! Et dans ce cas, la clé 3G, facilement amovible (ce qui est impossible sur un iPad), peut aussi être utilisée sur un ordinateur portable.
Précisément, l’intérêt de la connexion 3G ne paraît pas évident non plus avec la multiplication des bornes wifi dans les universités et les lieux publics.

Mais la question fondamentale porte plutôt sur l’utilisation de ce nouvel équipement par les étudiants.
Lorsque l’on examine l’utilisation que les Français font des tablettes, ce qui ressort c’est l’usage privé et personnel (74%) de ce matériel !
On peut difficilement effectuer un travail universitaire ou autre sur une tablette et quant à la dimension nomade de ce nouveau jouet, elle se partage entre le salon (85%) et la chambre (69%) de l’utilisateur !
Les usages les plus fréquents de la tablette recouvrent, avec quelques différences (pas de téléphone GSM), les utilisations des téléphones mobiles : surfer sur l’internet, consulter l’actualité, rechercher des informations pratiques, consulter et répondre à ses mails, etc. La taille de la tablette (7 ou 10 pouces) permet de mieux profiter des vidéos, des jeux et des magazines.
Mais en ce qui concerne la lecture des livres numériques, on pourrait se demander si des « liseuses » de type Kindle (Amazon) ne seraient pas plus adaptées aux besoins des étudiants ? Elles sont, il est vrai, limitées au noir et blanc de l’encre électronique, mais si l’objectif est de faire lire les étudiants avec des terminaux mobiles, les liseuses disposent de plus d’atouts : lisibilité en plein jour tout en préservant les yeux des utilisateurs, grande sobriété de consommation énergétique, et surtout, prix beaucoup plus abordable (à partir de 100 euros) !
Bien sûr, les étudiants ne pourraient pas visionner des e-cours ni jouer à des jeux sérieux (?), mais ils auraient la possibilité de partager leurs annotations ou des signets pour retrouver les pages-clés dans une bibliographie !

Personne ne peut prédire aujourd’hui les usages qui seront faits de ces nouveaux outils. Lors de la popularisation du téléphone, certains prévoyaient que sa principale utilisation serait l’écoute d’enregistrements de musique ; cette prédiction s’est réalisée … près d’un siècle plus tard !

Des tablettes numériques à un euro par jour pour les étudiants. – Portail du Gouvernement, 05/10/11

En partenariat avec le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Bouygues Telecom et Archos proposent aux étudiants la première tablette avec forfait internet 3G+ à 0,66E par jour. – Communiqué de presse, Archos – Bouygues Telecom, 14/10/11

Méli, Benoît. – Comment les Français utilisent les tablettes ? – Journal du Net , 12/10/11

Maussion, Catherine. – Tablettes à 1 euro : Archos dénonce Orange. – Ecrans – Libération.fr, 04/10/11

Auffray, Christophe. – Archos et Bouygues Telecom répliquent avec une tablette à 0,66 euro par jour. ZDnet.fr, 14/10/11

Charles, Frédéric. – Et pourquoi ne pas déployer les liseuses Kindle d’Amazon en entreprise ? Green SI – ZDnet, 01/10/11

Guillaud, Hubert. – Le Lire et l’écrire : clôture, glissement et déconnexion. – La Feuille – Blogs Le Monde.fr, 15/10/11

Qui a peur des bibliothécaires en grève ? Le désamour des étudiants pour les BU des deux côtés de l’Atlantique

Sûrement pas les étudiants qui désertent de plus en plus les bibliothèques des campus d’Amérique du Nord … et de France !
C’est ce qu’explique « Annnoyed Librarian » dans le billet « If Striking Librarians Fell in the Forest … » sur le site du « Journal of Library.com ». En faisant référence à la grève menée la semaine précédente à la bibliothèque de l’University of Western Ontario (Canada), ce professionnel se pose la question de la gêne que cette manifestation pourrait occasionner, à part celle de la circulation au milieu du campus, en raison du piquet de grève …
En effet, le fait que certains services de référence ne soient pas assurés ne devrait pas perturber outre mesure les rares utilisateurs des « Reference Desk », déjà en voie de disparition dans certaines grandes BU américaines (cf le post consacré à ce sujet en juin dernier). D’autant que l’on assigne de plus en plus aux bibliothécaires des sujets sur lesquels ils/elles ne sont pas spécialisés … Aujourd’hui, on voit de plus en plus de scientifiques avoir la responsabilité d’un secteur des « Humanités » (lettres et sciences humaines), alors qu’auparavant c’était plutôt le contraire !

Mais en fait, cela n’a aucune importance, car comme l’affirme l’article « What Students don’t Know » de Steve Kolowich sur « Inside Higher Ed », les étudiants n’ont aucune idée de ce que les bibliothécaires peuvent leur apporter dans leur recherche documentaire … L’idée que les bibliothécaires sont experts sur des sujets universitaires ne leur vient même pas à l’esprit. Pour la plupart des étudiants, le personnel des bibliothèques ne sert qu’à orienter dans les différentes salles (en accès direct).

Pour analyser ces pratiques, les professionnels de cinq BU de l’Illinois, ne se sont pas contentés des enquêtes habituelles, ils ont embauché deux anthropologues sur le projet ERIAL (Ethnographic Research in Illinois Academic Libraries). Les résultats, qui seront publiés par l' »American Library Association », dépassent les plus mauvaises prédictions. Seuls 30% des étudiants interrogés sont capables de mener une recherche documentaire correcte …;-( Et le mythe des « digital natives » en prend un coup ! Ces enfants de l’internet ne savent pas plus rechercher dans Google de façon pertinente … Mais les enseignants et les bibliothécaires sont aussi responsables de cet état de fait, car ils se mettent rarement au niveau de l’étudiant pour lui enseigner les bases de la recherche documentaire.

Cette ignorance et cette méconnaissance se retrouvent de ce côté-ci de l’Atlantique. C’est ce que révèle le mémoire de l’ENSSIB de Laurence Jung « Je ne travaille jamais en bibliothèque ». Enquête auprès d’étudiants non fréquentants ou faibles fréquentants. Michèle Battisti le cite dans son compte-rendu de l’Université d’été du GFII dans Paralipomènes pour évoquer l’importance de la médiation en bibliothèque.
Cette enquête sociologique analyse les représentations de la bibliothèque de ce « non public » qui représente plus de 13%% des étudiants (2006). La plupart de ceux qui fréquentent les bibliothèques les utilisent de plus en plus comme des « lieux de travail », calmes et silencieux. C’est d’ailleurs cet aspect ‘quasi religieux’ qui rebutent certains …

A l’autre bout du cursus universitaire, les chercheurs ont aussi déserté la bibliothèque physique, depuis qu’ils ont découvert la bibliothèque numérique ! L’un d’eux ignore même que c’est la BU qui gère ses abonnements en ligne !

Il est encore temps de récupérer cette désaffection, notamment en travaillant en amont avec les enseignants sur les disciplines. L’étude montre, en effet, que les variations d’utilisation des BU dépendent des sujets étudiés. Alors que les étudiants en sciences n’ont besoin de consulter aucun document jusqu’au master, les étudiants en lettres – qui sont souvent des étudiantes – sont « obligées » d’aller à la bibliothèque consulter ou emprunter des documents. Mais ceci est encore une exception française, car dans les pays anglo-saxons, les étudiants en sciences sont très tôt formés à la recherche documentaire.

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